Un voyage dans l’Amérique indienne de David Treuer,
Éd. Albin Michel, Coll. « Terres d’Amérique ». Traduit de l’anglais (États-Unis) par Danièle Laruelle. 420 p., 24 €
L’Amérique du Nord compte des réserves indiennes disséminées sur l’ensemble du continent. Reliquat des terres indiennes ancestrales et héritage d’une histoire violente et tragique, certaines couvrent à peine quelques hectares quand d’autres, comme celle des Navajos en Arizona, rivalisent avec certains états américains comme le Connecticut.
Quelques-unes sont prospères notamment grâce aux casinos, la grande majorité connaît une extrême pauvreté. « Il y a environ trois cent dix réserves indiennes aux États-Unis », précise David Treuer dans l’introduction de son ouvrage. « Mais le Bureau des affaires indiennes n’est pas certain de leur nombre exact – ce qui en dit long sur cet organisme et sur la nature même des réserves », ajoute cet auteur d’origines indienne (ojibwé) par sa mère et autrichienne par son père.
Avec cet essai, ce romancier connu et reconnu (1), enseignant, nous fait découvrir ce monde de l’intérieur, loin des stéréotypes, mêlant sa propre expérience, des témoignages, des faits historiques. David Treuer a grandi sur la réserve de Leech Lake dans le Minnesota, à deux pas de la frontière canadienne.
Il fait le tour des questions qui agitent les réserves: droits de pêche et de chasse, question des gangs, gestion des casinos… Il évoque également la relation entre les Blancs et les Indiens, la sauvegarde des langues traditionnelles… Tout cela est abordé avec panache et délicatesse, et un souci permanent d’objectivité comme lorsqu’il dénonce sans détour la corruption de certaines élites indiennes. Pour lui, comprendre les Indiens, c’est comprendre l’Amérique.
(1) Trois de ses romans: Little, Comme un frère et Le Manuscrit du docteur Apelle (lire La Croix du 24 mai 2007) sont édités par Albin Michel.