Bienvenue à Belmont

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Bienvenue à Belmont, ce petit coin de paradis niché au cœur du plateau des Mille Étangs dans les Vosges saônoises. Où la limitation de la vitesse de circulation à 30 km/heures, le prix de l’affouage et l’absence d’éclairage public dès 22 heures sont les derniers sujets dont on parle… Je vous recommande vivement de venir explorer ce hameau pittoresque. Et si vous cherchez un endroit où loger, n’hésitez pas à venir chez moi, je propose des chambres d’hôtes !

Belmont abrite environ une centaine d’âmes, dont la plupart ne sont plus originaires d’ici. Mais il reste encore quelques-uns d’entre nous, les « anciens », qui ont vu ce lieu évoluer de génération en génération. Au cours des soixante dernières années, nous avons été les témoin silencieux d’une transformation radicale de ce lieu. Chaque maison abritait autrefois une exploitation agricole, principalement dédiée à l’élevage des vaches laitières. La plus grande ferme possédait en une dizaine, tandis que la plus petite n’en comptait que deux. Il y avait deux cafés, chez Lucie, et chez Menigoz qui tenait également une épicerie où les prix étaient fixés quotidiennement par chacun des membres de la famille… et en fonction des affinités. On parlait ancien franc. Le passage à l’euros à vu le prix des Malabars, des Carambars, du lard et des saucisse doubler du jour au lendemain.

Du printemps à la fin de l’automne, le rythme de la vie était dicté par le calme va-et-vient des vaches, chassant les mouches à coup de queue à chaque pas et recouvrant les routes de leurs excréments. Chacun des paysans avait sa propre façon de les conduire du pré à l’étable et de l’étable au pré, après la traite qui se faisait principalement à la main, sauf dans les fermes les plus modernes. Le premier à sortir était toujours le même, le fouet à la main, tout comme le dernier. Certains étaient calmes organisés, d’autres laissaient leurs vaches vagabonder et passaient leur temps à courir après elles en les invectivant, la gitane maïs au coin des lèvres, le béret tantôt à la main tantôt sur la tête. Mais tout cela fait désormais partie du passé. Les petites exploitations ont laissé place à des maisons souvent très modernes.

Tous mes souvenirs de cette époque ne sont pas idylliques, et j’ai même été soulagé de quitter ce village pendant une quinzaine d’années pour vivre à Paris. Mais finalement, je suis revenu. Mon attachement à Belmont est indéfectible. Je vis sur la terre de mes ancêtres, ma fille, mon père et des générations entières reposent dans le cimetière. Je suis heureux de vivre ici, entouré de verdure et de tranquillité. Cependant, elle est trompeuse. Les tensions et les rancœurs entre les anciennes familles sont profondément ancrées dans l’histoire de notre village.

Je me demande souvent pourquoi ces tensions persistent, alors que personne ne se souvient vraiment de leur origine. Les rumeurs ont tendance à se faire plus rares, mais la méfiance demeure. Je refuse de me laisser emporter par cette atmosphère lourde. La vie est trop courte pour se perdre dans des conflits interminables. J’espère sincèrement qu’un jour, les habitants comprendront que l’unité et la solidarité sont bien plus précieuses que les vieilles histoires qui nous divisent et nous rongent…

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