Il y a des gens que vous souhaiteriez ne jamais croiser. En particulier de bon matin. Celui qui remonte le couloir sans se soucier de personne, le ventre en avant, la lippe dédaigneuse, la veste sur le bras, est un spécimen de choix. Un con de toute beauté, la cinquantaine, la cravate immonde, les chaussettes roses. Un habitué de cette ligne, qui voyage toujours léger, sans ordinateur portable, tablette ou sac.
Il arrive à ma hauteur ( je suis installé au fond de la voiture 8, dans l’espace carré). Les quatre places à ma droite sont vides. Pas pour longtemps. Il déplie la tablette brutalement, y balance son magazine (Valeurs Actuelles) qui claque en atterrissant, sa pochette où se trouvent sa carte d’abonnement.
Il accroche sa veste sur le dossier, après l’avoir vigoureusement secouée et débarrassée des pellicules accumulées sur le col et les épaules. Il s’écrase en grognant sur son siège. La petite poubelle le dérange lorsqu’il étend ses jambes, il l’ouvre et la referme en râlant, tente de l’arracher. Pendant quelques minutes, dansant d’une fesse sur l’autre, il baisse, remonte les accoudoirs, avant d’incliner son siège.
Un jeune homme cherchant une place, lui demande timidement si celles qui sont en face de lui sont occupées, il répond par l’affirmative, comme s’il s’agissait d’une évidence…
Satisfait de lui, il remonte ses lunette de l’index et ferme les yeux en souriant.
Le train prend de la vitesse.
J’essaie de dormir mais les ronflements de mon voisin ponctués de grognements et de mâchonnements me tapent sur le système. Chaque fois que je ferme les yeux, je vois sa tête ronde et dégarnie, l’entraîner tantôt en avant tantôt à droite ou à gauche au grès des secousses avec cet air qui semble dire : Je vis ma vie et je vous emmerde !
hihihihih, excellent!
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Mais énervant à vivre…
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