Petit couple

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Vendredi 22 août. 19 h

Gare de Lyon.  Ce soir, au coeur de cette grande gare parisienne,  c’est le  Branle-bas de combat des veilles de week-end. Agents d’entretien, de la SCNF, vigiles,  policiers, SDF, et  usagers qui partent en vacances et ceux qui rentrent se croisent dans un brouhaha qui me donne le tournis.

Je suis assis dans l’immense couloir menant du hall 2 au 1, entre un distributeur de sucreries et un panneau affichant des publicités. Un jeune homme de petite taille noyé dans des vêtements sombres beaucoup trop grands pour lui est à côté de moi, au téléphone. Il parle fort alors qu’il tente de réserver un appartement. Il raconte qu’il n’a pas de chéquier, mais qu’il peut faire un virement. Il en fait des tonnes. Soupire, bat du pied, lève les yeux au ciel, se fouette la cuisse avec un stylo quatre couleurs.

Il a à peine terminé sa conversation, qu’une jeune blondinette débarque. Elle aussi parle fort. Ses vêtements sont mieux ajustés, mais sa queue de cheval et ses grosses lunettes lui donne un air je ne veux par vieillir. Comme lui,  elle est pourtant très jeune.

C’était qui au tel ? demande-t-elle, après un bisou.

Les propriétaires de l’appartement.

Ok. Merci. Tu aurais pu attendre que je sois là pour les appeler…

Tu tardais. Et il y a beaucoup de candidats… Je lui ai dit que je n’avais pas de chéquier, pour la caution. Il avait l’air de ne pas me prendre au sérieux. Tu étais où ?

Elle lui montre un petit sac… le soulevant comme un trophée. Elle sautille sur place, j’ai enfin trouvé le pantalon que je cherchais depuis si longtemps…Un magnifique slim noir habillé… Tu veux le voir ?

Combien tu l’as payé ? Pas trop cher j’espère. Tu m’inquiètes.

S’il te plait tu vas pas remettre ça ?

Elle lui montre le nom de l’enseigne où elle l’a acheté. 30 euros .

Tu devrais toi aussi refaire ta garde-robe.

J’ai qu’il faut

Ton complet gris est hideux. Tu ressembles plus à un commercial qu’à un ingénieur…

Tu es marrante. Tu choisis mes fringues et après tu les trouve hideux… Tu ais que tu es compliquée ma douce…

Les fringues, les goûts, les modes évoluent, amour. Faut suivre. A part mon haut noir, j’’ai tout changé.

Le quel ?

Celui avec New York en strass…

Ah oui, celui à  70 $.

 

 

 

Gros con prend le train

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impolitesse-journalisteIl y a des gens que vous souhaiteriez ne jamais croiser. En particulier de bon matin. Celui  qui remonte le couloir sans se soucier de personne, le ventre en avant, la lippe dédaigneuse, la veste sur le bras, est un spécimen de choix. Un con de toute beauté, la cinquantaine, la cravate immonde, les  chaussettes roses. Un habitué de cette ligne, qui voyage toujours  léger, sans ordinateur portable, tablette ou sac.

Il arrive à ma hauteur ( je suis installé au fond de la voiture 8, dans l’espace carré). Les quatre places à ma droite sont vides. Pas pour longtemps. Il déplie la tablette brutalement, y balance son magazine (Valeurs Actuelles) qui claque en atterrissant, sa pochette où se trouvent sa carte d’abonnement.

Il accroche sa veste sur le dossier, après l’avoir vigoureusement  secouée et débarrassée des pellicules accumulées sur le col et les épaules. Il s’écrase en grognant sur  son siège. La petite poubelle le dérange lorsqu’il étend ses jambes, il l’ouvre et la referme en râlant, tente de l’arracher. Pendant quelques minutes, dansant d’une fesse sur l’autre, il baisse, remonte les accoudoirs, avant d’incliner son siège.

Un jeune homme cherchant une place, lui demande timidement si celles qui sont en face de lui sont occupées, il répond par l’affirmative, comme s’il s’agissait d’une évidence…

Satisfait de lui, il remonte ses lunette de l’index et ferme les yeux en souriant.

Le train prend de la vitesse.

J’essaie de dormir mais les ronflements de mon voisin ponctués de grognements et de mâchonnements me tapent sur le système. Chaque fois que je ferme les yeux, je vois sa tête ronde et dégarnie, l’entraîner tantôt en avant tantôt à droite ou à gauche au grès des secousses avec cet air qui semble dire : Je vis ma vie et je vous emmerde !