Goujat, c’est un métier…

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On se trouve souvent à l’étroit dans les trains. En particulier en seconde classe lorsque votre voisin est, comment dire, plus volumineux que la moyenne des usagers. Je sais de quoi je parles. Il suffit de voir la tête que certaines personnes font lorsque je m’installe pour comprendre. 

Voici une méthode infaillible pour vous faire de la place.

Petite précision : être une personne âgée, d’apparence vulnérable, augmente vos chances d’arriver à vos fins rapidement et surtout impunément.

Suivre les étapes

Suivez les étapes scrupuleusement en particulier dans la phase de mise en condition de votre cible : Lorsque vous arrivez à votre place, en sueur et à bout de souffle, demandez à votre voisin de vous aider à placer votre valise dans le porte bagage au dessus des sièges. Lorsque ce dernier vous affirme que votre valise est trop volumineuse faites comme si vous n’entendez pas.

Humilier votre cible

Arrangez-vous pour que la valise soit lourde. L’humiliation qu’il va ressentir en la soulevant avec difficulté va saper les défenses de votre voisin en l’humiliant devant tout le monde.

Lorsqu’il vous demande de prendre ce dont vous avez besoin et vous propose de ranger votre valise dans l’espace dédié vers l’entrée du compartiment, faites comme si vous n’entendez pas avant de préciser que vous avez besoin de garder cette valise près de vous « à cause de vos médicaments pour le cœur ».

Prenez votre temps

Ceci fait, prenez votre temps pour vous installer en vous excusant régulièrement. Il se sentira coupable de ressentir de l’agacement et d’avoir manifesté son impatience par des soupirs et des regards complices échangés avec d’autres passagers.

Vous devez toujours garder à l’esprit que vous êtes une personne vulnérable… Vos gestes sont lents et imprécis. Une fois installé. Commencez par lire l’Équipe. C’est ce qui ce fait de mieux pour pourrir la vie de votre voisin… Lisez exclusivement les pages centrales.

Petit dodo sur l’épaule de son voisin

Un petit dodo s’impose ensuite, pendant lequel vous vous laissez tomber sur l’épaule de votre voisin. Il va vous réveiller en vous repoussant. Ce qui est impardonnable d’autant que cette fois vous avez faim… Excusez-vous, en souriant d’un air gêné et faite le se lever pour aller chercher dans votre valise votre repas du soir.

Il est préférable de choisir un menu odorant, emballé. L’effeuillage d’un sandwich au pâté de campagne vient à bout des nerfs les plus solides.

Un petit pet pour finir en beauté

Si votre voisin résiste, il faut monter en puissance. Vos pieds vous grattent ? Enlevez vos chaussures, puis vos chaussettes en laine… posez ces dernières sur la tablette. Et épluchez les peaux mortes entre vos doigts de pieds. Il résiste toujours ? N’hésitez pas à céder à votre envie de péter (discrètement!), lorsque vous êtes plié en deux.

En général cela vient tout seul dans cette position qui comprime les intestins et l’usager de la SNCF résistant que je suis abandonne, prend ses affaires et part trouver une place ailleurs…

Gros con prend le train

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impolitesse-journalisteIl y a des gens que vous souhaiteriez ne jamais croiser. En particulier de bon matin. Celui  qui remonte le couloir sans se soucier de personne, le ventre en avant, la lippe dédaigneuse, la veste sur le bras, est un spécimen de choix. Un con de toute beauté, la cinquantaine, la cravate immonde, les  chaussettes roses. Un habitué de cette ligne, qui voyage toujours  léger, sans ordinateur portable, tablette ou sac.

Il arrive à ma hauteur ( je suis installé au fond de la voiture 8, dans l’espace carré). Les quatre places à ma droite sont vides. Pas pour longtemps. Il déplie la tablette brutalement, y balance son magazine (Valeurs Actuelles) qui claque en atterrissant, sa pochette où se trouvent sa carte d’abonnement.

Il accroche sa veste sur le dossier, après l’avoir vigoureusement  secouée et débarrassée des pellicules accumulées sur le col et les épaules. Il s’écrase en grognant sur  son siège. La petite poubelle le dérange lorsqu’il étend ses jambes, il l’ouvre et la referme en râlant, tente de l’arracher. Pendant quelques minutes, dansant d’une fesse sur l’autre, il baisse, remonte les accoudoirs, avant d’incliner son siège.

Un jeune homme cherchant une place, lui demande timidement si celles qui sont en face de lui sont occupées, il répond par l’affirmative, comme s’il s’agissait d’une évidence…

Satisfait de lui, il remonte ses lunette de l’index et ferme les yeux en souriant.

Le train prend de la vitesse.

J’essaie de dormir mais les ronflements de mon voisin ponctués de grognements et de mâchonnements me tapent sur le système. Chaque fois que je ferme les yeux, je vois sa tête ronde et dégarnie, l’entraîner tantôt en avant tantôt à droite ou à gauche au grès des secousses avec cet air qui semble dire : Je vis ma vie et je vous emmerde !