Il est grand, brun, sec, mal rasé, des cheveux courts frisés. Il lit France football. Elle est petite, brune, le teint mate, pulpeuse, en tailleur noir, un visage de caractère. Ses yeux ne quittent pas son téléphone dont l’écran est fissuré. Ils sont jeunes, très jeunes même, et sont mes voisins du soir, assis en face de moi.
Aujourd’hui, c’est carré famille, nous sommes en fin de semaine, le train est bondé, bruyant, empeste le liquide pour WC chimique, la transpiration, le jambon beurre, les chips, le pâté de campagne et une multitude de parfums…
Dès que nous démarrons, avec quelques minutes de retard, ma voisine, passe un premier appel d’une voix rauque :
Allô, ça va ? Oui, nous, ça va. On est dans le train. On arrive à Dijon à 21 heures… On se voit ce week-end ? J’ai envie de faire la teuf… OK dommage, une autre fois…
Elle raccroche et rappel une autre personne en resservant le même discours à la virgule près.
À chaque fois, elle informe son copain de la situation qui se contente d’acquiescer d’un air de jeune mâle repus et suffisant, sans quitter son magazine du regard.
Au dixième appel, elle réussit enfin à trouver quelqu’un avec qui faire la fête. Toute joyeuse, elle réclame un bisou à son ami en lui susurrant un langoureux :
Je t’aime.
Moi aussi, répond-il alors qu’elle bascule ses jambes par-dessus les siennes.
Alors qu’elle l’embrasse, goulûment, il pose son magazine, passe la main gauche par-dessus ses épaules pour l’attirer contre lui et glisse la droite sous sa jupe.
Les yeux dans les yeux, elle lui saisit alors l’entrejambe et sans le lâcher, elle lui lance en gloussant malicieusement… Attention, mon gaillard, jeux de mains, jeux de vilains ….