Certains allers et retours sont plus fatiguant que d’autres… Notamment lorsque le voisinage a décidé de vous rendre la vie misérable… Florilège matinal
Bonjour, je suis assis là. Un monsieur au collier de barbe grisonnant est assis à ma place son sac d’ordinateur sur les genoux. Lorsque je lui fais signe, il se lève en soupirant d’agacement et m’invite à passer. De nombreuses personnes attendent derrière moi, impatients de rejoindre leurs sièges.
Je lui fais comprendre que c’est à lui de passer en premier, qu’il est assis côte fenêtre…
Non Monsieur. C’est vous, me reprend-il d’un ton ferme, le visage crispé.
À six heures du matin, je n’ai pas envie de m’engager dans une conversation sans fin, je me glisse vers la fenêtre, suivi par mon voisin qui marque son territoire d’un coup de coude.
Le petit geste de trop. Prêt au combat, je lui montre le récapitulatif de réservation où il est précisé que la place 27 est côté couloir et que les pictogrammes le confirment… Il se raidit dans son siège à deux doigts d’imploser.
C’est bon ! S’il n’y a que ça pour faire plaisir on change.
C’est bon…
Ca alors, soupire-t-il en se calant dans son siège, plus crispé que jamais…
Devant nous, deux adolescentes faisant partie d’un groupe de lycéens en voyage scolaire entament une conversation sans quitter des yeux l’écran de leurs téléphones.
Tu sais quoi ? demande la brune à la blonde…
Non.
C’est terminé avec Édouard…
Édouard ?
Oui le mec avec lequel je suis sortie vendredi à la soirée de Cassandra…
Je croyais que tu y allais avec Vincent…
J’ai commencé la soirée avec lui mais il m’a vite gavé avec ses histoires et j’ai rencontré Édouard, un de ses potes. Il m’a fait craquer. Le genre super canon…
Et alors ?
On est sorti ensemble mais bof… Pas vraiment le feu d’artifice si tu vois ce que je veux dire… (Rires) Et toi alors, avec Paul ?
On a cassé.
Oh mince alors..
À la soirée de Delphine, on a croisé une de ses ex. On s’est pris la tête…
Je cherche mon casque audio et en démêle le câble pour m’isoler et dormir lorsqu’une voix caverneuse attire mon attention :
Je suis dans le train. J’arrive en début d’après-midi si tout va bien… (Silence) Comment s’est passée la journée d’hier ? (Silence).
Je me retourne. Un monsieur d’une soixantaine d’années téléphone. Il a une bouille ronde, hâlée, des lunettes aux montures dorées, des yeux globuleux, une voix caverneuse, un fort accent du midi, un ventre protubérant.
Le chantier avance comme on veut ? (Silence). Bien sûr que pour élargir le chemin, il fallait couper le poirier… (Il monte le ton) Ou le cerisier, c’est la même chose. (Silence) Le terrassement sera terminé aujourd’hui ? Comment ça le concasser n’a pas été livré ? (Silence tendu) Comment ça, y veut pas mettre de géotextile ? (Silence) Moi je l’avais commandé et il a été livré alors explique-lui qu’on a pas le choix, que ça empêchera l’herbe de repousser. (Silence) OK.