Aujourd’hui, concert parisien dominical des Enfoirés oblige, c’est carré famille, le matin et le soir. Et pour cause, il n’y a plus de place ailleurs. Et c’est pas faute d’avoir réservé longtemps à l’avance…
Une mauvaise nouvelle ne voyageant jamais seule, je suis installé côté fenêtre avec le courant d’air et la poubelle qui vous cisaille le genou…
Résigné, je salue mes voisines que visiblement je dérange lorsqu’elles doivent enlever leur barda de mon siège.
En face de moi, dans le sens de la marche, une trentenaire, cheveux bruns, mi-longs, sportive, deux smartphones et un petit Hugo débordant d’énergie. Au jugé, il doit avoir cinq ou six ans tout mouillé.
À ma droite, pas souriante, une Antillaise, potelée, parfumée et archi-maquillée. Elle est flanquée de deux adolescentes aux jambes interminables qui visionnent un film sur une même tablette. Leurs crânes sont soudés l’un à l’autre pour profiter du même casque audio.
Il y a aussi un garçon à lunettes, d’une quinzaine d’années, potelé comme maman, à ceci près qu’on lui a greffé une console de jeux au bout des doigts. Seuls ses pouces semblent encore fonctionnels<;
Hugo ? Bébé ? Demande maman d’une voix de crécelle, tout en balayant l’écran tactile de l’un de ses téléphones d’un index dédaigneux.
Hugo… Maman te parle… Tu as fait quoi avec papa ce week-end ? Tente-t-elle à nouveau sans quitter son appareil des yeux.
Hugo danse d’une fesse sur l’autre, se met debout, puis assis, puis à genoux face à la vitre sur laquelle il plaque son visage.
Putain, Hugo, s’écrie-t-elle… Arrête de lécher la vitre c’est dégueulasse…
Théo sourit malicieusement en écrasant son nez dans la buée qui se forme sur la vitre.
Maman ? Tu as dit Pu…
Hugo ! Rougit sa mère ne posant son portable…
Pourquoi tu me disputes, c’est toi qui as dit un vilain mot…
Désolé Amour, lui sourit-elle. Hugo, tu ne m’as pas répondu… Comment c’est passé ton week-end ? Vous avez fait quoi ?
On a mangé des pâtes, des chips, du coca et on a regardé Star Wars…
Bravo le repas et le programme de papa… Vous êtes restés tout le week-end dans l’appartement ?
Oui, papa a dit qu’il faisait trop froid pour sortir au parc. Maman, j’ai faim… Je peux avoir une compote ? J’ai soif aussi.
Maman fouille dans son sac à dos. Elle en sort une boîte hermétique remplie de carottes, concombres, découpés et des tomates cerises…
Hugo fait la moue…
Maman, s’écrie, mais ce n’est pas vrai. Dites-moi que je rêve, tu as le même t-shirt que vendredi. C’est papa qui t’a habillé ce matin ?
Oui, il a dit qu’il n’était pas sale…
Mais enfin Hugo, un t-shirt ça se change tous les jours… Ton père ne changera décidément jamais…
Papa, il a dit qu’il n’aime pas quand tu dis de vilains mots…