Youpi, aujourd’hui c’est carré famille !

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IMG_1934Aujourd’hui, concert parisien dominical des Enfoirés oblige,  c’est carré famille, le matin et le soir. Et  pour cause, il n’y a plus de place ailleurs. Et  c’est pas faute d’avoir réservé longtemps à l’avance…

Une mauvaise nouvelle ne voyageant jamais seule, je suis installé côté fenêtre avec le courant d’air et la poubelle qui vous cisaille le genou…

Résigné, je salue mes voisines que visiblement je dérange lorsqu’elles doivent enlever leur barda de mon siège.

En face de moi, dans le sens de la marche, une trentenaire, cheveux bruns, mi-longs, sportive, deux smartphones et un petit Hugo débordant d’énergie. Au jugé, il doit avoir cinq ou six ans tout mouillé.

À ma droite, pas souriante, une Antillaise, potelée, parfumée et archi-maquillée. Elle est flanquée de deux adolescentes aux jambes interminables qui visionnent un film sur une même tablette. Leurs crânes sont soudés l’un à l’autre pour profiter du même casque audio.

Il y a aussi un garçon à lunettes, d’une quinzaine d’années, potelé comme maman, à ceci près qu’on lui a greffé une console de jeux au bout des doigts. Seuls ses pouces semblent encore fonctionnels<;

Hugo ? Bébé ? Demande maman d’une voix de crécelle, tout en balayant l’écran tactile de l’un de ses téléphones d’un index dédaigneux.

Hugo… Maman te parle… Tu as fait quoi avec papa ce week-end ? Tente-t-elle à nouveau sans quitter son appareil des yeux.

Hugo danse d’une fesse sur l’autre, se met debout, puis assis, puis à genoux face à la vitre sur laquelle il plaque son visage.

Putain, Hugo, s’écrie-t-elle… Arrête de lécher la vitre c’est dégueulasse…

Théo sourit malicieusement en écrasant son nez dans la buée qui se forme sur la vitre.

Maman ? Tu as dit Pu…

Hugo ! Rougit sa mère ne posant son portable…

Pourquoi tu me disputes, c’est toi qui as dit un vilain mot…

Désolé Amour, lui sourit-elle. Hugo, tu ne m’as pas répondu… Comment c’est passé ton week-end ? Vous avez fait quoi ?

On a mangé des pâtes, des chips, du coca et on a regardé Star Wars…

Bravo le repas et le programme de papa… Vous êtes restés tout le week-end dans l’appartement ?

Oui, papa a dit qu’il faisait trop froid pour sortir au parc. Maman, j’ai faim… Je peux avoir une compote ? J’ai soif aussi.

Maman fouille dans son sac à dos. Elle en sort une boîte hermétique remplie de carottes, concombres, découpés et des tomates cerises…

Hugo fait la moue…

Maman, s’écrie, mais ce n’est pas vrai. Dites-moi que je rêve, tu as le même t-shirt que vendredi. C’est papa qui t’a habillé ce matin ?

Oui, il a dit qu’il n’était pas sale…

Mais enfin Hugo, un t-shirt ça se change tous les jours… Ton père ne changera décidément jamais…

Papa, il a dit qu’il n’aime pas quand tu dis de vilains mots…

Ne jamais réveiller une vieille rosse qui dort

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raleur-vip-blog-com-911739mauvai10Dijon, 3 minutes d’arrêt. Le TGV se remplit. Je suis installé place 48, voiture 6. La 47, à ma gauche, est libre.

Pas pour longtemps.

Une jeune femme d’une vingtaine d’années, emmitouflée dans un duvet bleu marine, avec un bonnet, un foulard et des gants assortis, s’arrête à ma hauteur. On dirait qu’elle me parle. J’enlève mes écouteurs.

« Oui? »

« J’ai la place 47 ». D’un doigt ganté, elle pointe celle où je suis.

Je me lève en souriant pour la laisser passer. Elle ne bouge pas,  me regarde comme si elle avait à faire à un simple d’esprit puis me dit :

« Vous êtes côté fenêtre Monsieur. »

« Non, Madame. C’est vous.  Voyez les pictogrammes… 48, couloir. 47 fenêtre. Désolé. »

Je souris.

« Bon, on ne va pas y passer la journée,  » soupire-t-elle. Les joues écarlates, elle se glisse à sa place.

Je m’assois.

Elle enlève sa veste. Son coude droit me laboure les côtes.

Elle se lève pour mettre sa veste et son sac à main rose dans le porte-bagages au-dessus de nos têtes, m’obligeant à me lever.

Enfin installée, elle entame une conversation téléphonique où elle explique qu’elle est « dans le train », qu’il est « grave bondé », que la journée « commence fort », que tout va de « travers, » que  certaines personnes « sont de gros malades »…

Je monte le son de mon casque audio et m’endors.

Je sens une pression sur mon épaule. J’ouvre les yeux. Ma voisine me fixe avec des yeux bleus écarquillés qui m’invitent à me lever car elle souhaite passer. Je m’exécute.

« Je reviens vite », me prévient-elle.

Me suggèrerait-elle de rester debout ? Et surtout de ne pas m’endormir ?

J’aimerais bien, mais mes paupières sont de plus en plus lourdes. À fixer le couloir  et attendre son retour, je finis par piquer du nez.

Une pression sur mon épaule. Mon dieu. Encore elle. Elle couve des deux mains une tasse de café, comme on tiendrait un oisillon tombé du nid. Sa mâchoire est crispée, ses lèvres pincées.  Je me lève péniblement. Elle se glisse à sa place en soupirant. Assis, je m’endors rapidement.

Pression. Cette fois elle « doit récupérer » son « billet » dans « son » sac à main rose, rangé au-dessus de nos têtes. Dans l’allée centrale deux contrôleurs progressent en notre direction.

Je me lève, oubliant la proximité avec le porte-bagages. Le choc entre cette protubérance et mon crâne,  provoque la chute de sa veste, d’un gant, et de son foulard. En levant le bras pour les saisir au vol, elle renverse le contenu de son gobelet de café arrosant copieusement  son téléphone et mon siège, l’occasion pour moi de quitter le champ de bataille pour aller finir le trajet dans la voiture bar.

Chronique d’un jeudi soir ordinaire

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IMG_0015La journée m’a semblé bien longue. Je m’installe au fond de la voiture 8. Je déballe mes petites affaires. Les écouteurs sur les oreilles, je ferme un œil puis l’autre…. Le train s’ébranle…

Lorsque je me réveille, nous fendons la campagne à vive allure au rythme Bayou Bell d’Eric Bibb.

Plein de bonne volonté, j’ouvre La Croix du jour pour y lire un article sur la dernière initiative de la SNCF qui lance cet été l’opération TGV pop, censée contrer Blablacar et les bus pas cher qui lui auraient chipé plus d’un « million de clients ».

TGVpop, drôle de nom, est une opération conçue « pour séduire les jeunes » avec des trains à prix réduits, à réserver à la dernière minute sur internet. Rien pour nous, les usagers quotidiens de la grande maison…

Au moment où je m’apprête à relire l’article pour comprendre comment ce système est censé fonctionner. Un couple débarque et vient s’installer sur les sièges à ma gauche.

Quelques secondes plus tard, sans préliminaire, ils se vautrent, enlacés et s’embrassent goulûment.

L’homme, d’une trentaine d’années, mal rasé, aux dessous de bras flasques, empoigne vigoureusement les fesses rebondies de sa compagne.

Elle lui récure consciencieusement le fond du palais avec la langue en fermant les yeux…

A force d’onduler du popotin, le haut de son pantalon en lycra glisse offrant à mon regard oblique une vue sur son string rose bonbon et un serpent tatoué qui jaillit de la raie de ses fesses brunes jusqu’à sa nuque.

Je rassemble mes affaires et part à la recherche d’une autre place. Je pense trouver mon bonheur une voiture plus loin en face d’une dame aux cheveux argentés qui me sourit en répondant à ma salutation. Elle lit le Figaro Madame, je devrais être tranquille. Je déballe à nouveau mes petites affaires. Elle me sourit, je lui souris. Je vais mettre mon casque audio lorsqu’elle me demande où je vais.

Belfort. Et vous ?

Colmar, dit-elle avant de préciser qu’elle change de train à Mulhouse.

Vous arrivez à quelle heure ?

Elle fouille dans son sac à la recherche de ses billets pour me donner une réponse précise. Tout en me racontant que sa fille et son gendre viennent la chercher à la gare, qu’elle vient de Bretagne, n’est jamais allée dans l’est.

Vous avez le même accent que mon gendre, vous habitez à Belfort ? demande-t-elle

A une quarantaine de minutes de Belfort…

Vous avez , vous aussi, encore de la route à faire, sourit-elle.

J’ai l’habitude, je fais souvent le trajet.

Vous travaillez à Paris ?

Oui

Dans quelle branche si je peux me permettre ?

Dans la presse…

Je m’en doutais. C’est amusant. Lorsque je vous ai vu, j’ai pensé que vous étiez dans la presse…

C’est amusant, en effet.

Mon mari rêvait de faire ce métier.

Il n’est jamais trop tard…

Il est mort.

Excusez-moi.

Ce n’est pas grave… Vous ne pouviez pas deviner, sourit-elle en posant sa main sur mon avant-bras. Il avait lui aussi de grands yeux bleus et une barbichette…

Un cancer… ajoute-elle après un long silence. Il est parti en quelques semaines. Il allait avoir 62 ans. C’est arrivé l’année dernière, en avril. C’est dur, de se retrouver seule à 54 ans. Vous êtes marié ?

Oui…

Des enfants ?

Cinq… Et sans savoir pourquoi j’ajoute avec la même épouse…

Elle a de la chance. Que Dieu vous garde… ajoute-t-elle avant de se replonger dans la lecture de son magazine et moi dans l’écoute de l’album country de Trace Adkins Proud to be Here…

 

Le train les doigts dans le nez

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doigts dans le nezCe matin rien ne va.

Je suis épuisé, lessivé.

Nuit trop courte, agitée, réveil en sursaut, dos raide, genoux qui craquent, café trop fort, clés de voiture égarées, petit orteil fracassé en heurtant un pied de table pour éviter sur un jouet qui traîne, la chienne vautrée…

Voiture 7, quarante-cinq interminables minutes plus tard. Je constate en baillant que les gens autour de moi sont étranges.

A ma droite un type bedonnant, empestant le tabac froid, à la peau du cou flasque et fripée, arrache les poils de ses avants- bras, un à un, d’un geste sec.

A ma gauche, une femme à lunettes, d’une cinquantaine d’années, aux cheveux frisés, ras, se cure le nez en lisant Soumission de Michel Houellebecq. Avant de tourner les pages, elle roule le produit de sa récolte, entre le pouce et l’index et le catapulte dans l’espace.

En face de moi, une adolescente compte ses cheveux en rêvassant benoîtement.

Bienvenue à bord du TGV 6700 à destination de Paris Gare de Lyon…

Alors il est pas beau mon minou ?

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Depuis quelques semaines, on dirait que les casse-pieds les plus compétitifs de la région se donnent rendez-vous sur le Belfort/Paris de 6H01 et le Paris/Belfort de 19h23. 

Comme ces deux coiffeuses alsaciennes quinquagénaires de retour d’un salon professionnel « à la capitale ». Celle qui occupe la place côté fenêtre est une blonde aux cheveux courts.  Grande et sèche, son  visage est  marqué par des rides trahissant des décennies d’amertume et de rêves inassouvis. Ses vêtements sont élégamment assortis, neufs et griffés.

La  brune est petite et boulotte avec des mèches rouges et bleues, un mini-short noir moulant simili cuir, des cuissardes dans la même matière, des bas et un dessus en résille noire. Un décolleté attire les regards sur son opulente poitrine contenue par un soutien-gorge assorti à son rouge à lèvre et au vernis sur ses ongles.

Le moindre de leurs mouvements dégage une soupe de parfums capiteux. Le flux de leurs paroles est impressionnant, décousu. Un sujet en entrainant un autre, ponctué par des moues de circonstance. Leurs maris et leurs collègues sont des thèmes récurrents.  Leurs rires tonitruants, leurs gesticulations attirent les regards des autres usagers en particulier ceux de huit très jeunes militaires de retour de permission.

La brune montre une photo sur son téléphone à sa voisine en lui demandant avec un accent alsacien prononcé  : Alors il est pas beau mon minou ?

Les militaires se regardent, n’en croyant pas leurs oreilles. L’un d’entre-eux les joues écarlates laisse échappé un « oh oui oh oui ! » insistant sur l’exclamation.

Adorable, poursuit la blonde avec le même accent tout en jetant un regard étonné en direction des militaires…  Son poil a l’air si soyeux qu’on a envie de lui faire un gros câlin,poursuit-elle.

Le même militaire les joues de plus en plus écarlates : « Les mecs, j’en peux plus, retenez-moi….  »

Oh s’il te plaît, peux-tu le partager sur Facebook, demande la blonde à la brune. J’aimerais  l’avoir dans mes photos. Tu veux voir  le mien ?

Oh oui oh oui ! encore encore ! reprennent en coeur cinq des huit militaires hilares.

C’est quoi leur problème à ces mecs ? demande le blonde à la brune affectant de ne pas comprendre. Ils sont pas bien ou quoi ?

 

 

 

Chouette ! le 23 mai, fête des voisins dans les trains

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Les voyageurs qui prennent le train regretteraient l’indifférence de leurs voisins, selon une étude de la SNCF. (J’avais le sentiment qu’ils regrettaient majoritairement d’en avoir…. Ce petit sac posé sur le siège vide à côté d’eux serait donc un signe de convivialité?

Depuis le 10 avril la grande maison du rail se mobilise pour favoriser le dialogue et l’entraide des usagers.  Le 23 mai, une fête des voisins est même prévue à bord des trains (une excellente idée!)

Une chose est certaine, la mobilisation est efficace, la campagne visible. Aussi visible que les annonces faites lorsqu’un train est supprimé au dernier moment.  C’est seulement le 4 mai, par hasard, que j’ai vu la première affiche de cette campagne. Dans un couloir, juste avant de prendre l’escalier. Intrigué,  j’ai fait quelques clichés de cette affiche et procédé à des recherches..

Ce qui suit est le fruit des cogitations de la SNCF…

 

 

 

 

La campagne de sensibilisation, qui débutait le 10 avril, prévoit un affichage à bord des rames, l’impression de 1.8 million de pochettes à billets et la distribution de livrets aux voyageurs.

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