Ne jamais réveiller une vieille rosse qui dort

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raleur-vip-blog-com-911739mauvai10Dijon, 3 minutes d’arrêt. Le TGV se remplit. Je suis installé place 48, voiture 6. La 47, à ma gauche, est libre.

Pas pour longtemps.

Une jeune femme d’une vingtaine d’années, emmitouflée dans un duvet bleu marine, avec un bonnet, un foulard et des gants assortis, s’arrête à ma hauteur. On dirait qu’elle me parle. J’enlève mes écouteurs.

« Oui? »

« J’ai la place 47 ». D’un doigt ganté, elle pointe celle où je suis.

Je me lève en souriant pour la laisser passer. Elle ne bouge pas,  me regarde comme si elle avait à faire à un simple d’esprit puis me dit :

« Vous êtes côté fenêtre Monsieur. »

« Non, Madame. C’est vous.  Voyez les pictogrammes… 48, couloir. 47 fenêtre. Désolé. »

Je souris.

« Bon, on ne va pas y passer la journée,  » soupire-t-elle. Les joues écarlates, elle se glisse à sa place.

Je m’assois.

Elle enlève sa veste. Son coude droit me laboure les côtes.

Elle se lève pour mettre sa veste et son sac à main rose dans le porte-bagages au-dessus de nos têtes, m’obligeant à me lever.

Enfin installée, elle entame une conversation téléphonique où elle explique qu’elle est « dans le train », qu’il est « grave bondé », que la journée « commence fort », que tout va de « travers, » que  certaines personnes « sont de gros malades »…

Je monte le son de mon casque audio et m’endors.

Je sens une pression sur mon épaule. J’ouvre les yeux. Ma voisine me fixe avec des yeux bleus écarquillés qui m’invitent à me lever car elle souhaite passer. Je m’exécute.

« Je reviens vite », me prévient-elle.

Me suggèrerait-elle de rester debout ? Et surtout de ne pas m’endormir ?

J’aimerais bien, mais mes paupières sont de plus en plus lourdes. À fixer le couloir  et attendre son retour, je finis par piquer du nez.

Une pression sur mon épaule. Mon dieu. Encore elle. Elle couve des deux mains une tasse de café, comme on tiendrait un oisillon tombé du nid. Sa mâchoire est crispée, ses lèvres pincées.  Je me lève péniblement. Elle se glisse à sa place en soupirant. Assis, je m’endors rapidement.

Pression. Cette fois elle « doit récupérer » son « billet » dans « son » sac à main rose, rangé au-dessus de nos têtes. Dans l’allée centrale deux contrôleurs progressent en notre direction.

Je me lève, oubliant la proximité avec le porte-bagages. Le choc entre cette protubérance et mon crâne,  provoque la chute de sa veste, d’un gant, et de son foulard. En levant le bras pour les saisir au vol, elle renverse le contenu de son gobelet de café arrosant copieusement  son téléphone et mon siège, l’occasion pour moi de quitter le champ de bataille pour aller finir le trajet dans la voiture bar.

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