Jeudi 22 janvier, les passagers du TGV 6707 de 19 h 23 à destination de Mulhouse ont été obligés de quitter le train à cause d’un carton abandonné dans la voiture 7.
19 H 20, installé
Je suis confortablement installé dans la voiture 8, en tête du train. Seul. Il ne fait ni trop chaud ni trop froid. La promesse d’un retour sympa.
19 H 23, retard
Bizarre. Pas le moindre message annonçant le départ imminent de notre train.
19 H24, quelque chose cloche.
Nous sommes toujours à quai. Je jette un œil par la fenêtre. Les hommes de la sureté ferroviaire discutent avec des agents de la SNCF qui font de grands gestes.
Message : le départ du train est retardé à cause d’une intervention des forces de l’ordre.
Personne ne réagit.
19 h 26, deuxième message
Message, le chef de bord demande à ce que le propriétaire du carton non identifié dans la voiture 7 se fasse connaître rapidement. Une légère clameur monte dans le compartiment.
19 h 27, évacuation
Un chef de bord rentre dans le compartiment invitant l’ensemble des passagers à descendre et à se diriger vers le hall 2 en attendant les instructions. La clameur se transforme en un indicible brouhaha.
Sur le quai les gens tentent d’en savoir plus, les agents de la sécurité, invitent les gens à rejoindre la gare sans tarder. Des messages provenant de différentes sources annoncent la présence d’un colis suspect sur le train à destination de Mulhouse et l’intervention des démineurs.
« Je vais voir les démineurs »
En descendant, chaque voyageur ou presque à son avis sur la situation, qu’ils s’empressent de partager au téléphone ou avec leur voisin du moment. Les masques tombent rapidement, les râleurs râlent, les goujats abusent, les inquiets vapotent ou fument, les parents restent aussi rassurants que possible. Des anciens évoquent leurs souvenirs d’une époque où tout se passait mieux… « Où y avait pas tout cela ».
A côté de moi, un homme aux yeux humides téléphone :« Moumoune dit aux enfants que je vais voir les démineurs ». Un autre lâche : « on est pas rentré… » Une petite dame aux cheveux argentés et aux yeux verts, parle toute seule en dansant d’un pied sur l’autre « si je dois passer la nuit ici, je meure… »
19 h 45, changement de train
Un message nous invite à rejoindre le quai 15 où se trouve un train de remplacement.
20 h 00, départ
Les portes du TGV 67 07 se referment.