J’ai parfois peur de tourner en rond avec mes chroniques. De raconter les mêmes histoires encore et encore. C’est vrai que les situations se ressemblent et qu’à force, on remarque moins ce qui se passe autour de soi. J’ai tendance à faire comme les autres usagers à mettre un casque sur mes oreilles pour me couper du monde ce qui n’est pas fait pour favoriser les rencontres. Mais parfois….
Ce matin, je dormais comme un bébé lorsqu’une poigne énergique a commencé à me secouer, rythmée par une voix stridente :
Je suis à la place 21. Maintenant il faut partir.
Une vielle dame toute sèche, se tient dans l’allée centrale sur ma gauche. Elle me fusille du regard un parapluie dans une main, mon bras sans l’autre. Elle hurle :
Allez on bouge. Vous avez pas honte… J’ai 80 ans et je dois rester debout…
Les autres passagers observent sans dire un mot.
Je suis sur le point de lui céder ma place quand mon voisin, suggère : Vous êtes dans quelle voiture madame ?
Vous me prenez pour qui ? Je suis dans la bonne voiture, sinon je ne serais pas là en train de revendiquer la place 22 qui est la mienne.
Il y a cinq minutes vous avez dit que vous étiez à la place 21… Vous avez réservé combien de place dans ce train ?
Elle me lâche le bras étonnée par ma question. Son visage s’adoucit, puis se tend à nouveau.
Vous voulez jouer au plus malin ? Eh bien je vais aller chercher le contrôleur et on va voir ce qu’on va voir…. Vous devriez avoir honte de profiter de la faiblesse d’une vielle dame… peste-t-elle en quittant le compartiment.
Mais non, ce n’est jamais la même chose ! « Les vieux, on devrait les tuer à la naissance ! » (attribué à Boris Vian, Robert Guediguian, Coluche )
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Mais vous Emmanuel, étiez-vous à la bonne place, dans la bonne voiture ? Beaucoup de voyageurs très fréquents comme vous s’installent parfois au petit bonheur la chance sur une place libre au moment où ils montent à bord mais potentiellement réservée puisque la réservation est (normalement) obligatoire. Et ça provoque ce genre de bisbilles. La vieille dame qui en a sans doute vu d’autres dans sa vie (l’âge estimé nous la ramène à 1934) n’était sans doute pas d’humeur à devoir revendiquer et négocier sa place si c’était bien celle mentionnée sur son titre de transport. Et en plus, vous dormiez comme un bébé !
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Merci pour votre commentaire. J’étais à la bonne place. Il m’arrive de me tromper, mais rarement. Il m’arrive également de ne pas m’asseoir à la place qui m’était destinée lorsque le train n’est pas complet ou que mes voisins sont insupportables (lorsque l’on passe 6 heures par jour dans les trains on apprécie la tranquillité!). Mais j’en parle avec le contrôleur qui m’oriente vers places libres. Je reconnais que certains de mes collègues grands voyageurs font n’importe quoi… Cette vieille dame voyage régulièrement dans ce train et elle n’a ni sa tête ni son billet semble-t-il.
Cordialement
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