Paris, Hall 2 de la Gare de Lyon. J’attends sagement mon train de 19 h 23 appuyé contre un mur. J’observe le va-et-vient incessant des voyageurs.
C’est à la coiffure de crooner hollywoodien et au sourire un poil condescendant que je le reconnais. Devant moi, à quelques mètres se tient Nénesse-le-tueur (surnom que lui avait attribué le Canard Enchaîné lorsque ce dernier était encore aux commandes), alias Monsieur Ernest ( Surnom de L’huma sur le modèle de M. Sylvestre, l’affreux ultralibéral des Guignols), alias EAS, Ernest-Antoine Sellière,président (fondateur) du Medef de 1998 à 2005.
Il est appuyé sur la poignée de sa valise à doubles roulettes (le must !) assortie à son long manteau noir, habillé, en laine.
La tignasse a blanchi, mais la silhouette est toujours aussi caricaturalement aristocratique et Hautaine. Il semble presque étonné que personne ne fasse attention à lui. Sa tête pivote comme un périscope. Nos regards se croisent. Il me salue de la pointe du menton.
Je suis si surpris que je me contente de sourire bêtement en pensant aux 35 heures, cette « aberration » qui ont fait de lui la vedette que l’on sait. Visiblement pour l’essentiel oubliée…