Portrait d’un meurtrier par Nan Aurousseau

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Lorsque je suis tombé sur ce livre, par hasard, je m’étais demandé quelques jours plus tôt ce que l’auteur était devenu.  Je l’ai retrouvé comme  je l’avais quitté, toujours aussi doué…

Des coccinelles dans des noyaux de cerise,
de Nan Aurousseau.
Éd. Buchet Chastel. 222 p., 15 €

COCCINELLESCe qu’en dit l’éditeur :
À Fresnes où il fait un séjour pour vol avec ruse, François partage sa cellule avec Medhi, un cador du grand banditisme. Ce Mehdi, c’est du méga lourd. D’ailleurs, il ignore superbement François qui, de son côté, joue les serviteurs zélés. Au fil des semaines, les intentions de François vont se révéler…
Observateur attentif du genre humain, Nan Aurousseau, dans ce nouveau roman, dresse le portrait fascinant d’un meurtrier hors du commun. Humour noir garanti.

Ce que j’en pense : J’ai lu ce petit roman il y a quelques mois. J’aime beaucoup cet auteur que j’ai découvert comme beaucoup de monde avec l’exceptionnel Bleu de chauffe. Lire Nan Aurousseau c’est voyager au pays des mots, dans une univers noir, mais plein d’humour. Avec des personnages à la marge mais toujours fascinants.

 

Extraits: 
Il y a d’abord ces quelques lignes, les toutes premières du roman : « Un loup dans la jungle, voilà ce que je suis. Un inadapté, un solitaire avec la rage au ventre parce qu’on m’a toujours méprisé. Une gueule un peu en biais, c’est vrai, une carcasse d’oiseau de proie qu’a rien croûté depuis six mois, et alors ? Je suis né dans la mort pour résumer. »
Puis d’autres beaucoup d’autres passages que l’on aimerait citer :
« J’ai d’abord entendu sa mobylette. Elle vient d’entrer dans la caravane. Elle porte des sacs en plastique parce qu’elle vient de faire les courses. Elle a enlevé son casque à pointe. Faut voir la dégaine. Une cloche, quoi, une vraie, avec un gros pif et tout ce qui va avec, gros bide, cul carré comme une machine à laver, cheveux merde de pigeons séchée, mollets de chez Michelin, avec des chaussettes s’il vous plait. Une paire de lunettes vertes. Enfin pour quelqu’un qui serait pas blindé y aurait de quoi se suicider.
(…)
– T’as vu ce temps pourri qu’y fait dehors ?
Je vous raconte pas la voix qui va avec parce qu’on peut pas décrire des choses comme ça, même à des sourds. »
(…)
« J’ai une montre à laquelle je tiens beaucoup. Elle s’est arrêtée le jour de ma naissance. Vous pouvez y croire vous à des choses comme ça ? Eh bien pourtant c’est vrai. Dix heures vingt-sept pile poil. J’en revenais pas. Du coup je l’ai gardé comme ça. C’est bien d’avoir toujours la même heure, c’est moins angoissant que quand ça change tout le temps. Moi ce que j’aimerais c’est que rien ne change jamais. S’il pouvait être par exemple tout le temps midi avec un grand soleil, ou même dix heures dix, onze heures vingt pourquoi pas mais que ça change jamais. C’est peut-être ça le paradis je me dis des fois quand j’y pense, la même heure éternellement. »
(…)
« Si seulement la vie était comme ça, qu’on se laisse traîner jusqu’au bout en restant affalé sur sa banquette avec un ticket aller, sans avoir à penser ni à bouger son cul, comme ça jusqu’au bout, jusque dans le trou avec quelqu’un d’un peu idiot qui parle à votre côté, quelqu’un que vous n’écoutez pas, qui fait comme une musique de fond pour vous endormir. Seulement voilà la vie elle est pas comme ça du tout. Ça dure pas longtemps les voyages, et puis c’est cher, et puis c’est sale le RER et en plus ça va pas loin. Bon Dieu ce que la vie est dégueulasse quand même je me disais. »

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