Jeudi, 18 h 45. Paris Gare de Lyon. Le ciel gris plombe l’ambiance sous la verrière du hall 2, bondé et bruyant. Demain, débutent pour les parisiens les vacances de printemps. Debout, à l’écart, le dos contre un mur, j’observe le va et vient, interminable en attendant mon train. Des milliers de visages, d’origines, âges et apparences différentes défilent. Ils ont tous, à quelques rares exceptions près un smartphone greffé à la main, qu’ils ne quittent jamais bien longtemps des yeux.
Certains sont souriants, d’autres hostiles, excédés, pressés, indifférents, blasés… Il y a ceux qui arrivent, ceux qui partent, ceux qui accompagnent, qui attendent, qui cherchent, qui trouvent… Un papillon de nuit amorphe se pose sur ma main. Je sursaute et finit par souffler dessus pour l’aider à décoller, il s’écrase lamentablement au sol. Je le suis du regard brièvement avant de poursuivre mon observation passive.
Une voix attire mon attention. Celle d’une adolescente qui vocifère et gesticule dans tous les sens, un téléphone collé à l’oreille. Son bras libre fait de grands moulinets dans l’air.
Dans son dos, à quelques mètres, perché sur des éléments d’un échafaudage empilés sur une palette, un rat dodu au poil luisant, ne perd pas une miette du spectacle.
Nos regards se croisent. Ses petits yeux ronds et noirs, me fixent quelques secondes avant de pivoter sur lui-même et plonger au coeur la pile de tubes. Puis il réapparaît, s’arrête, repart, sans se soucier des humains qui vont et viennent, son museau pointu et moustachu au raz du sol. 19 h 19, il serait temps d’aller prendre mon train dont le départ est prévu à 19 h 23 quai 5, pas vraiment envie de passer la nuit avec Ratatouille…