Ballade pour Leroy,
de Willy Vlautin. Éd. Albin Michel.
Coll. Terres d’Amérique.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Fournier.
294 p., 22 €
Une nuit, dans un foyer pour personnes handicapées, sept ans après son retour d’Irak où il a été grièvement blessé à la tête, Leroy Kervin, un jeune américain retrouve ses facultés intellectuelles. Réalisant la gravité et l’irréversibilité de son état, il se suicide.
On le retrouve à l’hôpital dans un coma profond. Son corps ne répond plus, mais son cerveau, sous l’effet de la morphine, se lance dans une ultime et hallucinante virée dans un monde parallèle. N’en disons pas plus.
À son chevet défilent des personnages plus attachants les uns que les autres : Darla sa mère, désemparée qui lui lit des histoires de science fiction; Freddy, le veilleur de nuit du foyer où il végétait depuis sont retour d’Irak; Pauline l’infirmière, qui vit seule avec un lapin et un père malade et lunatique ; Joe une adolescente en fugue hospitalisée pour de graves infections…
Ils ont en commun de se débattre au quotidien avec une multitude de problèmes de toutes sortes dans un monde d’une violence impitoyable où l’on doit cumuler les emplois pour subvenir à ses besoins fondamentaux.
Willy Vlautin dont c’est le quatrième roman, décrit admirablement une Amérique contemporaine gangrenée par la misère, les injustices sociales, profondément divisée, meurtrie et abasourdie.
Avec une plume sobre gorgée, d’humanité, d’empathie et de tendresse, il peint des êtres accablés par la fatigue, le travail, les problèmes domestiques, la solitude, qui toutefois refusent de céder au désespoir et à la morosité ambiante en consacrant le peu d’énergie qui leur reste à leurs prochains.
Un roman magnifique qui nous redonne foi en l’avenir de l’humanité.
Willy Vlautin, né en 1967 à Reno dans le Nevada, est aussi auteur-compositeur et chanteur du groupe de country alternative Richmond Fontaine depuis 1994. Il vit aujourd’hui à Scappoose dans l’Oregon.