Six fourmis blanches,
de Sandrine Collette. Éd. Denoël, coll. « Sueurs froides ».
276 p., 19,50 €.
Avertissement : ceci n’est pas le pastiche d’un roman d’Agatha Christie. Et si vous êtes en vacances dans les montagnes, sa lecture peut provoquer des troubles du sommeil.
Après Des nœuds d’acier et Un vent de cendres qui se déroulaient dans la campagne française, Sandrine Collette nous entraîne dans les montagnes sauvages du nord de l’Albanie. C’est là que six amis ont décidé de faire un trekking, guidés par le ténébreux et taciturne Vigan. À cause d’une tempête de neige, la randonnée tourne au cauchemar avec un premier mort…
Au même moment, Mathias, un Albanais dont le métier est de sacrifier des chèvres pour protéger les bergers des malédictions, se rend compte que le dernier sacrifice ne s’est pas déroulé comme il aurait dû, et les problèmes ne tardent pas à s’accumuler.
Deux histoires palpitantes distinctes mais dont les personnages semblent appelés à se rencontrer.
Comme toujours chez cette jeune romancière qui partage sa vie entre l’université de Nanterre et ses chevaux dans le Morvan, talentueuse à souhait, la nature est l’un des personnages clés, fantastique et redoutable.
Nous avons hâte de nous plonger dans son prochain roman, à paraître en janvier (je viens de la recevoir), nous embarque en Patagonie… A suivre
Seuls Sont les Indomptés,
d’Edward Abbey, Éd. Gallmeister.
Traduit de l’anglais (ÉtatsUnis) par Laura Derajinski et Jacques Mailhos.
362 p., 23,80 €
Dans les années 1950, au Nouveau Mexique, un cow-boy solitaire en délicatesse avec le monde moderne se fait enfermer en prison pour retrouver un ami proche – incarcéré pour avoir refusé la conscription – et l’aider à s’échapper. Contre toute attente, ce dernier refuse de le suivre, et le cow-boy se retrouve au cœur d’une chasse à l’homme impitoyable dans les montagnes désertiques du Nouveau-Mexique.
Un livre écrit en 1955, superbement adapté en 1962 au cinéma par David Miller, avec Kirk Douglas (qui a trouvé le titre du film) et Gena Rowlands dans les rôles principaux.
On y trouve les personnages, le style lyrique et les thèmes chers à l’emblématique Edward Abbey (1927-1989), activiste écologiste radical, poète, essayiste, romancier américain, qu’il va distiller par la suite dans des romans cultes comme Désert solitaire, Le Gang de la clef à molette, Le Retour du gang, Un fou ordinaire, Le Feu sur la montagne, que l’éditeur Gallmeister publie ou réédite dans des versions dont la traduction a été révisée.
L’auteur
EDWARD ABBEY est né en 1927 en Pennsylvanie. Seuls sont les indomptés, son deuxième livre, a été porté à l’écran en 1962 avec Kirk Douglas dans le rôle principal. Désert solitaire, paru en 1968, est devenu rapidement un livre culte. Quelques années plus tard, le succès public du Gang de la Clef à Molette a fait d’Edward Abbey un auteur incontournable de l’Ouest américain. À sa mort, en 1989, il a demandé à être enterré dans le désert. Aujourd’hui encore, personne ne sait où se trouve sa tombe. (Sources Ed. Gallmeister)
Angel Baby,
de Richard Lange
Éd. Albin Michel, coll. «Terres D’Amérique»
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Deniard, 340 p., 21,50 €
Ne supportant plus la vie qu’elle mène, Luz, compagne d’un puissant narco trafiquant de Tijuana (Mexique) à la sinistre réputation, décide de se sauver. Pour l’avoir déjà tenté, elle connaît les conséquences d’une telle décision avec récidive.
Déterminée, cette fois, elle n’a rien laissé au hasard. Elle a arrêté de se droguer tout en laissant penser le contraire pour ne pas éveiller les soupçons. Avec un sac à dos plein de billets et le colt 45 plaqué argent de son compagnon, elle prend la direction de la Californie où elle entend récupérer sa fille abandonnée quelques années plus tôt.
C’est le point de départ d’une course-poursuite infernale entre Tijuana et Los Angeles en Californie au cours de laquelle se croisent et se percutent toutes sortes de personnages : Malone, l’Américain déglingué, obsédé par la mort de sa fille, qui survit en buvant et en passant des clandestins aux États-Unis, El Apache, un tueur au service des cartels…
Un polar décapant, efficace, remarquablement écrit et orchestré par l’auteur de l’excellent Dead Boys.
La Compagnie, le grand roman de la CIA,
de Robert Littell Éd. Points, coll. « Polars culte »,
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Zimmermann.
1 250 p., 10,20 €
Réédité en poche pour les 35 ans du polar chez Points POINTS avec huit autres romans ayant marqué le genre ( Les Soldats de l’aube, de Deon Meyer ; La Femme en vert, d’Arnaldur Indridason ; La Cinquième Femme, de Henning Mankell; Pimp, d’Iceberg Slim, Romanzo Criminale , de Giancarlo De Cataldo ; La Griffe du chien, de Don Winslow ; Un sur deux, de Steve Mosby et Nécropolis, de Herbert Lieberman), ce consistant roman d’espionnage, mêlant habilement fiction et réalité, décortique quarante ans de notre histoire à travers celle, tumultueuse et complexe, de la puissante et mystérieuse CIA des années 1950 à 1990. Un thème récurrent chez cet ancien journaliste américain, auteur reconnu qui se démarque en proposant une œuvre lucide, un humour subtil et une lecture moins manichéenne des enjeux politiques avec une galerie de personnages atypiques.
Dans le ville en feu,
de Michael Connely.
Éd. Calmann-Lévy ,
Traduit de l’anglais (États-Unis) par robert pépin.
390 p., 21,90 €
- La ville de Los Angeles est livrée aux émeutes et pillages. Plus d’une quarantaine de personnes sont mortes. La police est impuissante, la garde nationale a été mobilisée.
L’inspecteur Harry Bosch et trois collègues tombent sur le cadavre d’une jeune journaliste danoise. Ils n’ont que quelques minutes pour réaliser constatations et photos, avant de passer à autre chose.
Vingt ans plus tard, affecté au service des affaires non résolues, Harry se voit confier l’enquête qui s’annonce difficile et longue.
Quel bonheur de retrouver ce flic atypique, sombre, solitaire et courageux rencontré la première fois dans Les Égouts de Los Angeles , en 1993, pour la première traduction de ce fabuleux roman !
Ses rapports avec la hiérarchie, les femmes, ses collègues sont toujours aussi complexes, même s’il a mis de l’eau dans son vin, son sens de l’honneur et code moral toujours inflexibles.
Le talent de l’auteur au rendez-vous. Louons l’initiative de l’éditeur qui réédite l’intégralité de son œuvre dans de nouvelles traductions.
Les Amazoniques,
de Boris Dokmak Éd. Ring.
434 p., 19,95 €
Mars 2014, une femme fait son jogging près du Centre spatial guyanais. Un Indien surgit, s’effondre à ses pieds et meurt en prononçant des paroles incompréhensibles. Dans ses mains, un couteau et un mystérieux carnet noir…
Ainsi débute ce roman trépidant, qui nous propose une virée au cœur de la forêt guyanaise à la fin des années 1960. On y suit le lieutenant Saint-Mars, un flic au caractère bien trempé, muté contre son gré dans cette région.
Sa première affaire est de retrouver un ethnographe français accusé d’avoir assassiné l’un de ses collègues américains. Pour ce faire, il va s’enfoncer dans la forêt, rencontrer des tribus indiennes étranges et inconnues, affronter un climat inhospitalier, une multitude de bestioles, des maladies et de redoutables adversaires déterminés à ne pas le laisser aller au bout de son enquête.
Un livre inspiré d’une histoire vraie, le projet Sunshine mené par les Américains de 1947 à 1967, au cours duquel des produits toxiques, notamment radioactifs, ont été testés sur des populations amérindiennes.
Les Assassins,
de R.J. Ellory. Éd. Sonatine.
Traduit de l’anglais par Clément Baude
588 p., 22 €.
Les Assassins nous entraînent à New York où quatre meurtres viennent d’être commis en quinze jours. Les modes opératoires étant différents, personne n’y voit l’œuvre d’un tueur en série, excepté John Costello, documentaliste dans un journal, fasciné par ces personnages depuis qu’il survécut à l’un d’eux vingt ans plus tôt. Selon lui, ces meurtres ressemblent à d’anciens crimes commis par des tueurs célèbres. Reste à convaincre la police…
L’intrigue serrée et réaliste aborde ce thème rebattu en insistant sur la complexité de la tâche des policiers, la psychologie de ces meurtriers, les conséquences de leurs actes. En dépit de quelques longueurs, on est tenu en haleine d’un bout à l’autre.
Papillon de nuit,
Traduit de l’anglais par Fabrice pointeau.
512 p., 12,99 €.
Papillon de nuit , premier roman de cet auteur britannique, se déroule trente-six jours avant l’exécution du personnage principal, Daniel Ford, condamné pour le meurtre de Nathan Vernet.
Le premier est blanc, la victime noire. Ils sont originaire de la même petite ville de Caroline du Sud. Une série d’allers et retours dans le temps nous en apprend plus sur la vie de Daniel, son amitié avec la victime, comment il est arrivé dans le couloir de la mort et surtout pourquoi, alors qu’il semble innocent, il accepte sa mort…
Ce livre est un portrait saisissant, dur et troublant de l’Amérique de 1952 à 1985 dans ce qu’elle a de plus fou et fascinant.
Première Personne du singulier,
de Patrice Franceschi,
Éd. Points. 212 p., 12 €
Prix Goncourt 2015 de la nouvelle, Première personne du singulier met en scène des personnages confrontés à des choix insoutenables aux conséquences tragiques : un vieux capitaine, en pleine tempête, forcé de choisir entre son fils et son équipage ; un lieutenant pendant la guerre refusant de capituler devant l’ennemi malgré la désertion de l’intégralité de son régiment ; un homme hanté par une injustice…
Il est question d’absolu, de famille, d’honneur et de devoir. Des valeurs précieuses aux yeux de cet explorateur, marin, aviateur, baroudeur, qui parcourt le monde depuis plusieurs décennies. Des nouvelles poignantes emmenées par une plume romanesque et engagée.