Ce soir, le TGV qui quitte Paris en direction de Belfort est quasiment vide.
Je m’installe au fond de la voiture 8, seul. Un calme appréciable après les voyages souvent très pénibles de ces dernières semaines
Je m’assoupis lorsqu’une trentenaire à la peau laiteuse et à la tignasse argentée débarque en tractant une énorme valise, le portable collé à l’oreille.
Son regard baigne dans un bonheur béat.
À peine assise, sans prendre le temps d’enlever sa lourde veste en laine, elle acquiesce à coup de « oui » tantôt lascifs, tantôt boudeurs. Dansant d’une fesse sur l’autre, elle croise et décroise les jambes.
Nos regards s’accrochent brièvement, elle tourne la tête, en se couvrant la bouche avec la main :
Oui, je suis dans le train, susurre-t-elle. Tu m’entends? demande-t-elle en fixant le sud-est parisien qui défile noyé dans l’obscurité humide et fraîche de novembre constellée de néons.
Oui toi aussi tu me manques. Terriblement, précise-t-elle en affectant une moue boudeuse. Tu fais quoi? Elle sourit. Ses jouent virent écarlates. Elle se caresse la nuque, les épaules, de sa main gauche. S’étire, soupire.
Tu es où? (silence) Tu fais quoi ? demande-t-elle en triturant fiévreusement la courroie de son sac à main . Silence. Une semaine sans toi, ça va être long. (Silence).
Tu es adorable, minaude-t-elle en gloussant. Trop, trop chou… Vivement vendredi… J’ai dit vivement vendredi… Je t’embrasse maman. Je t’aime.