Dimanche soir. Train du retour.
Un couple de personnes âgées occupe les deux sièges à ma droite. Il lit un quotidien régional, elle dort, la tête en arrière, la bouche ouverte.
Monique. Pas de réaction. Moniique ? Il lui enfonce les coudes dans les côtes, exerçant une légère pression. Elle ouvre un œil.
Quoi ?
Tu as vu ?
Quoi ?
Il tend le journal, sans le lâcher…
C’est fou, dit-elle. Pauvre France.
Le jeune incriminé dans l’agression de la jeune fille était un multiréserviste.
Multirécidiviste qu’on dit.
Comme tu veux. Il n’a jamais purgé la moindre peine jusqu’à son terme, écrit le journaliste…
Monique dort à nouveau. Il replonge dans le journal. Les pages politiques France…
Monique ? Moniiiique ?
Elle ouvre les yeux.
Regarde moi cette photo. Tu vas pas me dire que les journalistes ne l’ont pas fait exprès ? Il lui montre une photo d’Arnault Montebourg avec une rose à la main. Un gros plan…
Monique sourit et referme les yeux.
Il passe aux pages sports. Dix minutes plus tard…
Monique ? j’ai soif.
Les yeux fermés : ya de l’eau dans le sac.
Je prendrais bien une petite bière…
Ah non Antoine. Le cardiologue a dit plus de bière. Je peux te passer de l’eau.
C’est bon, j’attendrai, dit-il en fermant son journal. Il s’endort à son tour la moue boudeuse.
Antoine ?
Quoi Monique ? Il boude encore.
On arrive à Dijon…