Salon grand voyageur. 19 h. J’attends mon train. Du monsieur devant moi, je ne vois que deux mains manucurées, velues. Une grosse chevalière et une montre d’une marque luxueuse dont un publicitaire, conseiller d’un président, a un jour dit « que si tu t’en a pas une à 50 ans t’as raté ta vie… ».
Visiblement ce monsieur a réussi ce que semblent confirmer ses chaussures griffées et impeccablement cirées.
Il lit l’Equipe. Soudain, il se met à tousser et éternue. Le journal tombe en se froissant. C’est un monsieur âgé et élégant.
Il se redresse péniblement dans son fauteuil, retenant sa respiration comme s’il anticipait une autre quinte de toux; fouille dans la poche intérieure de sa veste d’où il sort un mouchoir à carreaux blancs et bruns en tissus estampillé de deux initiales finement brodés : « J.H. »
Avec application, il le déplie, se mouche bruyamment, s’essuie, vérifie, le replie et le remet dans sa poche.
Voilà bien longtemps que je n’avais vu quelqu’un utiliser un mouchoir en tissus. Je pensais que cette pratique d’une hygiène plus que douteuse avait disparu depuis des années.
Je me souviens aussitôt des mouchoirs de mon grand-père qui me « torchait le nez » avec les siens lorsque j’étais petit. Souvent, ils sentaient la paille ou le foin. Ils étaient doux et chaud.
J’ai des souvenirs très précis de mes premiers mouchoirs à carreaux. Assortis à ceux de mon père qui sentaient le tabac à pipe ou la sueur de cheval.
Bizarrement, je n’ai aucun souvenir de mouchoirs en papier. Ces objets sans charme, à usage unique que l’on expédie par milliers à la poubelle ou au feu sans le moindre remord… Selon le site Consoglobe, il s’en consommerait plus de « 20 milliards en France, 300 milliards aux Etats-Unis. Leur fabrication aurait un impact écologique considérable. Il faut couper des arbres, beaucoup d’arbres. Il faut aussi de l’eau. «
« Pour produire une tonne de papier, poursuit le rédacteur de cet article qui compare les deux types de mouchoirs (jetables et réutilisables), il faut pomper entre 100 et 200 tonnes d’eau qu’il faudra ensuite éliminer pour obtenir du papier sec. Par ailleurs, la majorité des mouchoirs jetables sont blanchis au chlore ce qui constitue une autre source de pollution mais également un risque allergène pour les personnes à la peau réactive. «
En attendant, bien loin de se douter de ce son mouchoir a déclenché, le vieux monsieur a repris la lecture de l’Equipe. Un papier sur les jeux paralympiques de Sotchi.
Sotchi? A vos souhaits….
Hygiène ou écologie? Je ne serais pas mécontent que quelques entrepreneurs aux dents longues nous proposent des mouchoirs en papier de chanvre recyclé! En tout cas, merci pour votre article 🙂
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