Gare de Dijon. 7 heures du matin. Le train se remplit. Un type aussi large que haut s’assoit à côté de moi. Le genre ancien culturiste tombé dans la malbouffe, crâne rasé, avant-bras bronzés et tatoués, une chevalière au pouce gauche, une gourmette en argent à la main droite.
Coincé contre la fenêtre, je sens que le reste du voyage va être pénible. Prémonition rapidement confirmée lorsque s’engage entre nous une lutte silencieuse pour notre espace vital.
Testostérone
Dès que je cède le moindre terrain, il l’occupe. Et inversement. Pas un regard. Pas un mot. L’homme sort de son sac une pochette cartonnée verte. Il en extrait un paquet d’imprimés sur lesquels je reconnais le logo de la CGT cheminots.
Un titre retient mon attention : « Usagers cheminots agissons ensemble ! ». Nos regards se croisent au moment au je lève les yeux.
Pris en flagrant délit de curiosité mal placée, il frappe le coup décisif en reprenant l’accoudoir que je venais de regagner. Il le conservera jusqu’à la gare de Lyon.
Comme le dit si bien la SNCF : « A nous de vous faire préférer le train. »