Tagazou et boule de cristal

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Voiture 5, place 32, 6h 02

Ce matin, ma voisine, est une femme d’une soixantaine d’années, aux cheveux noirs et violets. Elle parle fort. Energique, enthousiaste, enjouée, réveillée au-delà du raisonnable, à une heure pareille, elle ne me laisse pas le temps d’ajuster mes écouteurs.

– Vous montez à Paris?

– Oui

-Fait frais ce matin!

Je ne sais pas s’il s’agit d’une question ou d’une affirmation, elle déplie sa table bruyamment y pose une thermos démesurée, un jambon beurre cornichons salade sous 10 couches de film fraîcheur, et deux de papier aluminium, une pomme, une banane, de la brioche.

Ce matin j’ai eu du mal a démarrer mon tagazou…. »

Son tagazou ?  Sa voiture je suppose…

Elle se met à manger et poursuit la conversation en parlant la bouche pleine.

Ya pas à dire, y sont confortable ces trains, dit-elle en mâchant, lentement.  Avant je prenais la ligne classique jusqu’à la gare de L’Est… Elle était toujours en retard et je mettais presque quatre heures…  Aujourd’hui, en deux heures trente, on est à Paris…

J’ajouterais bien « et on paye le double… » mais cela ne serait pas raisonnable et risquerait de m’entrainer dans  la conversation que je tente d’éviter .

Je me contente d’acquiescer poliment.

« Je rentre ce soir par train de 19 h 23. »

Moi aussi, C’est mon jour de chance, pensais-je.

« Ce soir je voyage en première… Ma fille m’a acheté un billet qui était moins cher que celui en seconde.

Par jalousie, envie, ou je ne sais quoi, je ne peux m’empêcher de le mettre en garde contre la grève qui commence ce soir  à 19 heure.

Il n’y aura pas de problème ce soir, affirme-t-elle tranquillement en épluchant sa banane. Et la grève sera peu suivie…

J’ignore où  où la dame pêche ses informations mais elle semble convaincue de ce qu’elle dit.

Je l’ai vu en tirant les cartes, m’explique-t-elle sans que je ne pose la moindre question.

Elle me précise aussitôt que  c’est quasiment devenu son métier et qu’elle commence à être connue en Franche Comté : « Un métier pas facile, précise-t-elle car on voir des choses que l’on ne peut pas toujours dire aux gens. Comme lorsqu’ils vont mourir, ou avoir un accident…  ajoute-t-elle en emportant le moitié de sa banane en une seule bouchée.

J’ai aussitôt compris qu’il ne fallait pas insister… Prétextant une envie subite de café je me suis dirigé vers la voiture bar où un charmant monsieur coiffé comme Richard Gere dans Pretty Woman,   m’a  allégé de cinq euros pour un café double… Ne pas savoir ce que l’avenir vous réserve n’a pas de prix.

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