Dans l’intimité d’une petite ville de l’Amérique profonde avec Alan Watt

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Dans ce premier roman, l’auteur canadien Alan Watt nous propose un huis-clos sombre et poignant au coeur d’une petite ville de l’Ouest américain.

Alan Watt

Frontier Hotel,
d’Alan Watt
Traduit de l’anglais (Canada) par Claire Breton, Éd. du Masque, 348 p., 22 €

Alice, la quarantaine approchant, se pose une multitude de questions existentielles. En apparence, elle a tout pour être heureuse. Un mari fortuné, une vie confortable dans un quartier huppé de San Francisco… Mais tout cela ne lui convient plus. À commencer par la relation avec son mari, de 19 ans son aîné, une vedette du rock vieillissante qu’elle ne supporte plus. Treize ans à faire semblant d’aimer quelqu’un, c’est long ! Profitant de son absence, elle décide de le quitter.

N’ayant nulle part où aller, elle décide de retourner chez ses parents dans le nord-ouest des États-Unis, même si elle est consciente que ces derniers feront tout pour qu’elle change d’avis. En cours de route, alors qu’elle tente de réserver une chambre dans un hôtel, ses cartes de crédit sont refusées ; son mari lui a coupé les vivres. Il lui reste à peine de quoi passer une nuit au Frontier Hotel, un établissement miteux de la petite ville de Waiden dans l’Oregon.

À partir de là, elle va devoir se débrouiller seule et se trouver un travail pour se nourrir et se loger. Dans les jours qui suivent, elle croise une multitude de personnages dont Webb Cooley, l’employé taciturne d’une épicerie dont la ville semble se méfier et que certains traitent comme un pestiféré. Très vite, ils se lient d’amitié. Dans ce roman, que l’auteur dit avoir mis plus de quatorze ans à écrire, il est beaucoup question d’amour, de confiance, de foi, de pardon et de secret. C’est poignant, sombre, surprenant, subtilement pesant, remarquablement rythmé par un enchaînement de chapitres courts avec du suspense jusqu’aux dernières lignes.

L’auteur, romancier, peintre, scénariste, essayiste, acteur canadien d’origine écossaise nous invite à entrer dans l’intimité d’une bourgade sauvage de l’Ouest américain où personne n’a de secret pour personne, où ce qui est différent ou étranger est forcément suspect, où les rancœurs sont tenaces. Avec finesse, il évoque toutes sortes de problèmes de société auxquels les habitants sont confrontés et où la situation peut basculer sans crier gare.

Fallen Angel de Stéphanie Janicot, une belle surprise

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Fallen Angel,
de Stéphanie Janicot.
Éd. Albin Michel. 278 p., 20 €

Le soir du réveillon, Sybille, est de permanence dans la rédaction déserte de l’hebdomadaire dont elle est l’une des journalistes. Elle aimerait profiter de ce moment pour mettre de l’ordre dans ses affaires mais le responsable du service culture lui demande de couvrir la générale de la célèbre jeune et belle, Lucie Fersen. Elle accepte, la rédaction de cet article ne devrait être qu’une formalité.

Une fois sur place, alors que le concert bat son plein, l’artiste effondre. Tout le monde pense qu’il s’agit d’un malaise puis la nouvelle tombe, l’artiste transportée à l’hôpital entre la vie et la mort a été touchée par une balle.

La jeune journaliste tente d’en savoir plus en traînant sur place. Par chance, sa meilleure amie est la commissaire chargée de l’enquête… Elle lui offre un accès aux interrogatoires de ceux et celles qui gravitaient dans l’univers de la victime toujours entre la vie et la mort dans un hôpital parisien.

Après un départ assez classique, l’intrigue se développe de manière assez astucieuse et inattendue autour des comptes rendus d’interrogatoires des commanditaires potentiels de ce crime… Petit à petit, grâce aux témoignages de son agent, de sa cousine, de ses secrétaires, nous découvrons l’histoire complexe de Lucie Fersen : les rapports avec son père, fondateur de l’orchestre qu’elle dirige, son parcours atypique, celui d’une enfant précoce a qui la vie n’a pas fait de cadeau, sa période rock.

L’ensemble est prenant, rythmé, avec des chapitres courts, des personnages fouillés et émouvants à commencer par Sybille,  trentenaire urbaine, célibataire, bordélique chronique… Une belle surprise…

Stéphanie Janicot

Stéphanie Janicot, rédactrice en chef du Magazine Muze a publié :

 

Les Matriochkas (Zulma, 1996).

Des profondeurs (Zulma, 1997),

Salam (Zulma, 1999),

Ulysse (Zulma, 1999),

Soledad (Albin Michel, 2000),

Une Traviata (Albin Michel, 2001),

Aaron-Pierre, fils perdu (Albin Michel, 2002),

Non, ma mère n’est pas un problème (Albin Michel, 2002),

La constante de Hubble (Albin Michel, 2003),

Tu n’es pas seul(e) à être seul(e) (Albin Michel, 2005),

Cet effrayant besoin de famille (Albin Michel, 2006),

Le privilège des rêveurs (Albin Michel, 2007),

Dans la tête de Shéhérazade (Albin Michel, 2008),

Prix Lauriers verts de la Forêt des Livres 2008 et Prix Femmes de lettres 2008, L’œil du cyclone (Albin Michel, 2009),

Que tous nous veuillent absoudre (Albin Michel, 2010),

La mémoire du monde 1, 2 et 3 (Albin Michel, 2013 et 2014)

Prix Renaudot Poche 2016 Newland (Albin Michel, 2016)

Fallen Angel (Albin michel, 2017).

La collection de poche, La petite Vermillon réédite du noir de derrière les fagots

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Voilà une initiative qui devrait convaincre ceux qui en douteraient encore que le roman noir est de la littérature au même titre que la blanche… La petite vermillon, la collection de poche des éditions La Table ronde qui publie notamment Antoine Blondin ou encore Robert Louis Stevenson, entreprend de rééditer des  auteurs « classiques » de ce genre trop souvent  sous-estimé.

Le romancier, critique, poète et essayiste Jérôme Leroy, a été chargé de la sélection des  auteurs…. Les quatre premiers titres publiés avec de superbes couvertures illustrées par Stéphane Trapier sont Le sourire contenu, de Serge Quadruppani, (8,50 €)  La nuit myope d’ADG (5,90€) , la Princesse de Crève, de Kââ (8,70 €), et la Langue chienne d’Hervé Prudon (8,70 €), montrent la richesse de ce genre qui ne saurait se limiter au roman policier ou au thriller.

Une première salve de noir très noir mais plein d’humour, d’anti-héros, de causticité et de mauvais esprit…

 

 

Avec son dernier roman Sandrine Collette confirme son talent

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Dans son dernier roman, Sandrine Collette, l’une des plus brillantes représentantes de la nouvelle génération du noir hexagonal, explore la rudesse du monde à travers le quotidien d’une petite famille d’éleveurs en Patagonie au siècle dernier. 

il-reste-la-poussiereIl reste la poussière,
de Sandrine Collette.
Éd. Denoël,
Coll. Sueurs Froides.
304 p., 19,90 €

Après la campagne française dans ce qu’elle a de plus rude,  les montagnes sauvages et enneigées d’Albanie (lire ci-dessous), Sandrine Collette, nous embarque au bout du monde, dans le sud de l’Argentine, sur les plateaux de Patagonie à dos de cheval.

C’est là, au siècle dernier, dans ces espaces s’étendant à perte de vue, brûlés par des vents glacés, asphyxiés par la poussière, que survit dans une petite estancia, une famille de d’éleveurs entourés de leurs moutons, bœufs, chevaux et chiens. Une vie rude et épuisante menacée par les aléas climatiques et les grands propriétaires.

Dans le premier chapitre, on découvre Rafael, dix ans, rachitique, souffre-douleur de ses trois frères, Mauro (le colosse), Joaquin et Esteban.  À la tête de cette petite exploitation, il y a « la mère », froide, autoritaire, haineuse, insensible, pleine de hargne de rancoeur et d’aigreur,  qui aboie des ordres à ses enfants plus qu’elle ne leur  parle et que l’on  devine dévorée de l’intérieur par un terrible secret lié au  père  des enfants, parti selon la mère, du jour au lendemain. Pour se distraire,  elle boit et  joue les maigres revenus de la ferme. Le jour où elle perd aux cartes l’un de ses fils la vie de  cette famille bascule.

À la fois fable noire, western  et tragédie, ce nouveau roman, alternant les voix de la mère et des enfants,  confirme l’immense talent de Sandrine Collette. La narration sans fioritures est parfaitement maîtrisée,  tout comme la description minutieuse des personnages, la perversité de leurs rapports dans de ce sombre huis-clos familial  et les descriptions des paysages.

Des-noeuds-d-acierDes nœuds d’acier,
de Sandrine Collette.
Éd. Denoël,
Coll. Sueurs Froides. 274 p., 17 €

Au départ, on ne sait pas trop quoi penser du personnage principal, Théo, la quarantaine. Sinon qu’il est du genre taiseux à sang-froid, qu’il sort de prison où il vient de passer dix-neuf mois pour avoir agressé l’amant de sa femme. Une agression qui a mal tourné. Qu’il s’agisse de son frère – aujourd’hui tétraplégique et dans le coma – ne semble pas l’affecter. Ce dernier lui a volé l’amour de sa vie et n’a-t-il pas payé sa dette? Pour faire le point, il décide de partir à la campagne. Son choix se porte sur un gîte rural isolé où il passe ses journées à marcher. Sa vie bascule lorsqu’il tombe sur deux vieux marginaux qui le séquestrent et le font trimer par tous les temps enchaîné comme un chien. Dès lors le ton change, se faisant de plus en plus troublant, pesant, suffocant. Celui que la violence carcérale n’a pas réussi à vaincre passe par les pires épreuves imaginables. Sans rien révéler, on le voit résister à ses geôliers, tenter de s’échapper avant d’abandonner. Ce premier roman est une agréable surprise rondement menée, qui donne à réfléchir sur la violence, l’avilissement, l’enfermement, la domination.

fourmis blanchesSix fourmis blanches,
de Sandrine Collette
Éd. Denoël,

coll. Sueurs froides,
276 p., 19,50 €

Avertissement : ceci n’est pas le pastiche d’un roman d’Agatha Christie. Et si vous êtes en vacances dans les montagnes, sa lecture peut provoquer des troubles du sommeil. Après Des nœuds d’acier et Un vent de cendres qui se déroulaient dans la campagne française, Sandrine Collette nous entraîne dans les montagnes sauvages du nord de l’Albanie. C’est là que six amis ont décidé de faire un trekking, guidés par le ténébreux et taciturne Vigan. À cause d’une tempête de neige, la randonnée tourne au cauchemar avec un premier mort… Au même moment, Mathias, un Albanais dont le métier est de sacrifier des chèvres pour protéger les bergers des malédictions, se rend compte que le dernier sacrifice ne s’est pas déroulé comme il aurait dû, et les problèmes ne tardent pas à s’accumuler. Deux histoires palpitantes distinctes mais dont les personnages semblent appelés à se rencontrer. Comme toujours chez cette jeune romancière du Morvan, talentueuse à souhait, la nature est l’un des personnages clés, fantastique et redoutable.

Le 4 avril, distribution de 15 000 polars à l’occasion de Quai du polar

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Festival-Quais-du-Polar-2012_banniere1A l’occasion du festival Quais du Polar à Lyon, 15 000 polars seront distribués jeudi 4 avril par la SNCF à tous les voyageurs qui prendront le train pour se rendre à Lyon dans le cadre d’une opération « Le livre aime le train ».

13 nouvelles de la collection Les Petits Polars du Monde SNCF , seront proposés sur les lignes TER Grenoble/Lyon, Lyon/Valence et Lyon/Saint-Etienne.

Les livres seront distribués par les agents SNCF aux voyageurs lors de leur montée dans le train. L’opération, qui dure une journée et a déjà été organisée une fois en Ile-de-France en janvier dernier, vise, selon la SNCF, à apporter « un moment d’évasion, de partage et de détente dans le trajet quotidien » de ses clients.

Les passagers sont invités à lire les romans sur place ou à les emporter chez eux. La SNCF est l’un des partenaires officiels du festival « Quais du polar », dont la dixième édition aura lieu du 4 au 6 avril à Lyon.

Elle rassemblera plus de 70 auteurs dont le maître américain James Ellroy, la nouvelle étoile du polar suédois Camilla Läckberg, et le romancier et scénariste George Pelecanos.

J’aime beaucoup ce que vous écrivez, mais…

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Chroniquesdurail ?

Oui

Bonjour. J’aime beaucoup ce que vous écrivez. Je vous lis tous les jours.

Merci!

J’ai été ému par  la lettre à Mémé, le récit de votre voyage avec des exposants du Salon de l’Agriculture m’a fait beaucoup rire. J’écoute les musiciens dont vous parlez, je lis les livres que vous chroniquez…

Une partie de mon cerveau dit encore, une autre arrêtez ce n’est pas raisonnable…

Mais, si je peux me permettre, je trouve que parfois vous tournez en rond. Arrêtez de nous parler ce votre abonnement annuel, des retards qui vous  font gagner des poins monnaie. Il n’y a pas longtemps, vous avez même fait de la publicité à la SNCF. Comment envisagez-vous la suite ? Evitez de trop parler de vous. Il y a assez de blogs nombrilistes, réservez vos états d’âmes à vos publications Facebook

Ma tête dit oui

Vous qui aimez le polar, les romans noirs, pourquoi ne faites-vous pas des chroniques à énigmes. Il faut penser à muscler vos chroniques avec de la violence, du sexe. Il vous faut un personnage récurrent,  un tueur en série ou un terroriste…

Une légère pression sur mon avant-bras. J’ouvre les yeux, essuie discrètement un filet de bave au coin de ma bouche. Je masse mes cervicales engourdies, je tente  d’étendre mes jambes  aussitôt découragé par les regard de l’un des deux types joufflus qui me font face. Tiens, le colza est en fleur.