Confiné

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Vue depuis mon bureau..

Comme des millions d’autres personnes, depuis quelques jours, la vie a pris une étrange tournure… Plus d’allers et retours entre le Grand Est et la capitale, plus de petits dodos place 114 voiture huit, plus de petites aventures, ma vie quotidienne se limite désormais à des séances de télétravail, pounctuées de quelques sorties aussi timides que brèves en zone de guerre (comme l’a dit notre président 6 fois lundi16 mars), pour aller acheter des victuailles…

Mais je ne vais pas me plaindre. J’ai la chance d’être accompagné dans cette étrange aventure par mes quatre enfants… et je vis à la campagne… Mon seul désagrément à l’heure actuelle est de devoir supporter l’odeur pestinentielle du lisier répendu dans les pâtures environnantes par des agriculteurs peu soucieux des désagrements causés par leur pratique…

Mais c’est si peu de chose comparé à ce que d’autres personnes doivent endurer… Je ne parles pas des malades et de ceux qui s’en occupent, ils sont hors catégorie… Je m’adresse à ceux et celles qui sont seuls en ville et même aussi parfois à la campagne. J’espère que mes chroniques, critiques et autres suggestions de lectures contribueront à allèger votre quotidien. En tout ca cela est mon souhait. Hésitez pas à réagir…

Moi aussi j’écris, connaissez-vous un éditeur ?

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greyCe soir j’ai décidé de travailler dans le train en rentrant à la maison. Ces derniers temps, j’ai beaucoup lu, il est temps de proposer quelques retours aux lecteurs sur mes coups de cœurs

Je me trouve une petite place tranquille, à l ‘écart, au fond de la voiture de queue, le plus loin possible des usagers qui papotent, ronflent, mangent ou téléphonent. En principe, je devrais être tranquille. En principe… dans le miroir en face de moi, je la vois qui avance dans ma direction d’un pas décidé.

Elle n’accorde même pas un regard aux places libres à droite et à gauche. Elle est brune, sportive, les cheveux longs, noirs, la quarantaine, des yeux verts, les lèvres écarlates, et est agréablement parfumée. Elle sourit, je souris.

Elle installe sa mini-valise dans le compartiment prévu au dessus de nos têtes, enlève son écharpe, son manteau, ses gants, plie le tout consciencieusement.

Effeuillage consciencieux

L’effeuillage découvre un polo crêpe à manche longues sur un jean délavé et une multitude de breloques de toutes sortes au coup et aux poignets qui tintent à chacun de ses mouvements.

Elle s’installe, en face de moi, croise et décroise les jambes. Consulte son smartphone en souriant. Rédige un petit message.

Je me remets au travail, en relisant mes notes auxquelles j’apporte des corrections.

Vous êtes enseignant ? me demande-t-elle en souriant.

Non, dans la presse.

Journaliste ?

Oui.

Pour la télé ? La radio ?

La presse écrite.

Pour quel journal ?

La Croix ?

La quoi ?

La Croix ? Un quotidien…

J’en ai entendu parler. Genre vous écrivez des articles, des reportages, des enquêtes et tout et tout ?

Rarement. Il m’arrive de lire des livres et d’en parler lorsqu’ils me plaisent…

Genre critique littéraire  comme Zemmour et Naulleau chez Ruquier ?

Si vous voulez…

Moi aussi j’écris, m’explique-t-elle sans me laisser finir ma phrase. Des romans érotiques… Genre 50 nuances de grey. Vous avez lu ?

Non.

Vous ne lisez pas de littérature érotique ?

Non.

Vous n’en proposez pas à vos lecteurs ?

Ce n’est pas vraiment ce qu’ils attendent de nous…

Que vous dites, leur avez-vous demandé ce qu’ils souhaitaient lire ? J’ai lu ce roman et j’ai adoré… Une véritable révélation, sourit-elle.

A ce point ?

Eh oui. Je me suis même dit que moi aussi j’avais des idées, des phantasmes quoi et que j’avais envie de les partager. Du coup j’ai décidé de me mettre à écrire. Vous connaissez un éditeur  qui pourrait être intéressé ?

« Cette été,  j’étais aux States »

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IMG_5482Dimanche soir. Le train de 19 h 23 est bondé. Complet. Le compartiment grouille d’usagers. Ça sent le pâté, les chips, la bière, la friture, le jambon et la sueur….. Je n’ai-pas le choix que de m’installer à ma place.

Mon futur voisin est un type imposant qui empeste la soupe à l’ognon. Son sac est posé sur le siège. Il m’explique qu’il ne sait pas quoi en faire. Je lui suggère de le poser dans l’espace au dessus de nos têtes. Il me dit qu’il est trop gros. Je lui propose d’essayer. J’y arrive presque. Une bouteille dans la poche bloque. Je lui suggère de l’enlever.

C’est que je n’ai pas soif pour le moment, me répond-il, en jouant avec ses trois téléphones portables. D’un air ton de plus en plus agacé par la situation je lui propose de prendre sa valise sur mes genoux. Il s’insurge… Mais non on va enlever la bouteille. Je voudrais pas abuser…

Je m’installe, le forçant à serrer les jambes et à se pousser.

J’ai du boulot, j’ouvre mon ordinateur. Demain matin je rends un article sur un papier sur l’excellent bouquin de Craig Davidson. Cataract City.

« Le rêve américain, lit à haute voix mon voisin… Vous écrivez un article ?

J’acquiesce…

Cet été, j’étais aux States … Le rêve américain, je l’ai vécu de près… J’ai vu des rues pleines de clodos à New York… Le rêve américain c’est pas pour tout le monde….

Je referme mon ordinateur. Je ne travaillerai pas ce soir…

C’est quoi votre journal ? l’Express ? Le Point ?

La Croix.

Super ce journal. Je l’ai jamais lu, mais paraît qu’il est sérieux… C’est pas un peu beaucoup catho ? Vous êtes catho ? Vous avez par une tête de catho ?

Je n’ai pas le temps de répondre qu’il ajoute : et vous allez parler du rêve américain à vos lecteurs ? C’est pas vraiment catho le rêve américain…

C’est une critique de roman…

Ah ok. Je comprends mieux… Vous lisez les livres au moins ? Moi, je ne lis jamais de roman. Je passe déjà mes journées dans des plans et des revues techniques, c’est pas pour lire des romans.

Je lui demande ce qu’il fait comme métier.

Ingénieur génie civile… Les ponts, les tunnels, les ouvrages d’art, vous voyez de quoi je parles ?

Intéressant comme métier.

Mais prenant. Voilà quinze ans que je bosse sans arrêt, dans toute l’Europe, avec parfois près d’une centaine de zigs sous mes ordres et des responsabilités à se bouffer le cul… J’en peux plus. J’ai décidé d’arrêter quelques mois. Histoire de souffler, de réfléchir, voyager…

Lire ?

Qui sait, je lirai peut-être le bouquin de Valérie sur François…. Certainement pas des histoires sur le rêve américain… sourit-il en me gratifiant d’un clin d’œil. Lorsque le train entre en gare, il s’excuse.

Désolé faut que j’aille fumer…