Contrôleur zélé

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Je dis rarement du mal des contrôleurs  mais parfois leur comportement m’irrite.

Ce lundi 3 octobre, dans le train 6 707 de 19 H 23, voiture 8 place 114,  à destination de Belfort, j’assiste au contrôle d’une quinquagénaire sportive et dynamique.

Alors qu’elle vient de lui tendre  son billet en souriant, le contrôleur bougon, lui fait   remarquer qu’il s’agit un titre de transport Belfort/Paris et non l’inverse.

La dame, s’étonne. Bredouille des explications : elle se demande si la veille, elle n’a pas donné le mauvais billet. Elle fouille dans son sac  en tremblant nerveusement  et en sort un titre de transport qu’elle lui tend.  Ce dernier le regarde sous toutes les coutures la mine dubitative  et lui confirme qu’il s’agit de son billet aller..

Alors j’ai deux  acheté deux billets Belfort Paris? lui demande-t-elle. Comment est-ce possible?

Je n’en sais rien madame avec lassitude.  Pour faire bonne figure, il téléphone à la régie pour savoir si un billet retour existe au nom de cette dame. La réponse est négative.

Il lui annonce qu’elle doit s’acquitter d’un billet retour, majoré de 15 euros.  Elle lui demande si  son deuxième billet  lui sera remboursé.

Je n’en ai pas la moindre idée, répond-t-il en entamant la procédure sur son terminal portable, l’air de dire ce n’est pas mon problème…

La SNCF met à jour ses bornes de vente automatiques

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bonre de venteLa SNCF va renouveler son parc de 1 300 bornes automatiques d’achat et d’échange de billets. L’investissement annoncé est  de 25 millions d’euros. Les bornes qui ont réalisé l’an dernier 36 millions d’opérations, pour un chiffre d’affaires d’environ 1 million d’euros par jour.

Un logiciel de vente «plus simple et plus rapide»

Dès le 16 mars, dans les 460 gares de France qui accueillent des bornes automatiques, seront équipées d’un logiciel «ergonomie plus moderne et plus tactile, qui permet aux voyageurs d’acheter, de retirer et d’échanger leurs billets de train en un clin d’oeil».

Le temps de transaction devrait passer à «moins de 2 minutes pour l’achat d’un billet en départ immédiat» et à «1 minute pour le retrait d’un billet déjà réservé».

Il sera également  possible d’acheter des billets Eurostar, des cartes d’abonnement, ce qui n’était possible avant qu’en passant par un guichet.

Les bornes jaunes devraient être remplacée en septembre, par des bornes blanches et grises. Ces nouvelles machines seront équipées d’un écran tactile plus grand, d’un nouveau terminal de paiement et d’un lecteur de code-barres pour lire plus rapidement les informations contenues sur les billets.

Courage, fuyons !

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Dans certaines situations, la fuite est la plus sage des décisions. Mais certaines personnes sont difficiles à semer. En particulier dans un train… Et quand le sort s’acharne…

Ce soir, mon voisin est un homme d’une soixantaine d’années. Grand, tout en bras et en jambes, au teint pâle, crâne dégarni, filet de moustache, pantalon en velours côtelé marron, sous-pull  violet, sans manches en laine, chemise rose pâle.

Après avoir feuilleté un magazine et un quotidien en se mouillant l’index d’un coup de langue à chaque fois qu’il tournait une page, il glisse un casque audio sur ses oreilles, incline son dossier et ferme les yeux…

J’ouvre mon livre et commence à lire lorsque sa tête se met à imprimer une série de « oui » et de « non », silencieux, en rythme… Ses mains jouant tantôt de la batterie et tantôt de la guitare. Par moment ses reins se cambrent, sa bouche se crispe, ses yeux se plissent  sous l’effet d’un plaisir incontrôlable.

Un spectacle silencieux qui attire quelques regards désabusés.

Une femme trapue, pansue, grisonnante, hirsute, recouverte d’un immonde pull-over gris, crasseux passe une première fois, puis une deuxième et troisième fois. Elle s’arrête à notre niveau, les bras ballants, fascinée par le spectacle… Elle marmonne quelques mots en secouant la tête pour marquer sa désaprobation devant une attitude aussi puérile.

L’odeur qu’elle dégage est si forte que deux de nos voisins se lèvent en grimaçant et fuient vers l’avant du train comme si leurs vêtements venaient de prendre feu. Elle s’installe en face de moi, me lançant un regard glaçant alors qu’un haut-le-coeur déforme mon visage. Les yeux fermés l’homme poursuit ses gesticulations rythmiques.

Mes affaires sous le bras, je quitte mon siège en quête d’air plus respirable. Deux compartiments plus loin, je trouve deux places libres. Je m’assois. Lorsque je m’apprête à aspirer une grande bouffée d’oxygène quelqu’un se laisse choir lourdement à ma droite, dégageant une odeur pestilentielle.

Nos regards se croisent. Je souris bêtement en l’enjambant comme je peux prenant soin de ne pas la toucher. Je prends la direction de la première classe à l’avant du train avec madame sur les talons. Son regard détermine semble dire tu ne me sèmera pas…

Comme moi, elle attendra devant la porte, comme moi elle descendra à Belfort, sans bagage à 22 heures, sous une pluie battante.

Le train s’arrête. La porte s’ouvre,  je me précipite vers les escaliers mécaniques, me faufile comme un voleur entre les passagers qui débarquent, les familles et les amis qui attendent, direction le parking et ma voiture sans toutefois oublier de jeter régulièrement un oeil par dessus mon épaule pour m’assurer que j’ai réussi à la semer.

Epilogue
Le jour suivant, au départ de Paris. Ma voisine est une jolie étudiante souriante. Le train est bondé. La fermeture des portes est imminente et le départ du TGV est annoncé. Une main se pose sur mon épaule, une voix féminine fort aimable me demande un stylo que je tends aussitôt par dessus mon épaule.

Elle me remercie avant d’ajouter :

Vous n’auriez pas une feuille de papier par hasard?

Pas de problème madame…

Elle me remercie à nouveau… Délicieuse.

Le train se met en route.

La femme dans mon dos se met a parler dans une langue étrange, de plus en plus vite et de plus en plus fort… Un discours qui se termine par un tonitruant : « Oh la putain ».

Je jette un oeil par dessus mon épaule. Le pull-over gris,  immonde, difforme, crasseux… je m’enfonce dans mon siège. Près à passer en mode respiration de survie…

Une main aux ongles vernis de crasse, à la peau tannée par  soleil, le froid, la pluie et le manque de soins,  glisse mon stylo sous mon nez…

Merci…

Elle se tient à ma droite, souriante. La pluie de la veille semble avoir atténué l’odeur…

La jeune étudiante nous observe interloquée.

La femme lui demande si elle est certaine d’être à la bonne place. Je lui répond que oui avant que la jeune fille n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche. La femme poursuit sa route.

Pendant deux heures, elle fera des allers et retours, tentant de trouver une place libre, fusillant les passagers qui croisent son regard, parlant et gesticulant dans différentes langues. A chaque passage, elle me  gratifie d’un grand sourire complice.

Cela fait plus de trente ans qu’elle prend le train sans payer, m’expliqueront le chef de bord et sa collègue. On la croise et on la verbalise depuis des années sans vraiment savoir qui elle est, ni d’où elle vient…  On sait seulement qu’il faut éviter de la chauffer, qu’elle a l’insulte et le coup de poing facile…et qu’elle est pupille de la nation donc quasi intouchable, terminent-ils.

Votre billet, c’est un vrais ?

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controleur-SNCFBonjour,  dit le contrôleur à un couple de jeunes asiatiques au moment de contrôler leurs billets. Le ton est jovial. Il entame la vérification. Une fois, deux fois , trois fois, sans résultat.

Il affecte un ton soupçonneux. Vous êtes sûr que c’est un vrais. Ce n’est pas une contrefaçon ? ajoute-t-il en ponctuant son interrogation, d’un clin d’œil malicieux.42133_97465157_cool_H162605_L

Pourquoi vous dites-ça ? demande le jeune homme très agacé.

Je plaisantais, monsieur. C’est ma machine qui ne fonctionne pas correctement. .

Je ne trouve pas cela drôle.

Sa compagne ajoute :  Pourquoi choisissez-vous le seul usager  d’origine chinoise pour lui demander si son billet n’est pas une contre-façon. C’est du racisme monsieur.

Le contrôleur, ravale sa salive, décomposé.

Je plaisantais. Je m’excuse si je vous ai froissé. Bon voyage monsieur et bon voyage madame.

Confessions d’un resquilleur en série

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244574_des-billets-sncfQui dit train, dit resquilleur… L’un ne semble pas aller sans l’autre.

Il en existe de toutes sortes : des passifs fatalistes qui voyagent sans payer et se font verbaliser sans broncher ; des actifs qui font tout pour échapper aux contrôleurs, qui multiplient les astuces.

Il y a les acteurs, compteurs, embrouilleurs, baratineurs de toutes sortes qui arriveraient presque à se faire passer pour des usagers intègres…

Il y a aussi les prédateurs, les agressifs, les psychopathes… ceux que les contrôleurs redoutent par dessus tout, pour leurs réactions imprévisibles.

5 h 55, Belfort. Le train à destination de Paris, entre en gare. Les portes s’ouvrent quelques passagers descendent, se frayant péniblement à travers ceux et celles, nombreux ce matin à attendre suivis de leurs valises à roulettes, de monter.

Un jeune black descend avec le contrôleur sur les talons. Il gesticule et vocifère distribuant généreusement des regards menaçants à la ronde.

Tu devrais avoir honte, espèce de bouffon. Mon grand-père c’est battu pour la France. C’est comme cela que tu le remercies… Une voix lance lui répond : « La France, tu l’aime ou tu la quitte ». Malaise. Le jeune homme, cherche du regard qui vient de lui parler.

Les usagers font mine d’ignorer la scène, certains sont visiblement agacés par le ralentissement occasionné.

Le contrôleur, les manches retroussées, les joues écarlates, serre les points pour garder son calme. Il acquiesce avec un sourire crispé aux invectives qui deviennent de plus an plus insultantes et provoquantes tout en souhaitant la bienvenue aux nouveaux clients.

Voilà une journée qui commence sur les chapeaux de roues.

Depuis bientôt un an, je ne crois pas avoir pris le train une seule fois sans voir des resquilleurs se faire verbaliser. Certains sont des multirécidivistes comme ce grand gaillard athlétique et beau gosse, que nous appellerons Gérard. Voilà des semaines qu’il prend le train de 19 H 23 pour Dijon. Il n’a pas de bagage. Il voyage les deux mains dans les poches un casque sur les oreilles. C’est sur le quai que je lui adresse la parole alors qu’il vient de me demander si j’avais une cigarette à lui donner.

« Je connais la plupart des contrôleurs. Ils ont chacun leurs habitudes. Avant de monter, je regarde qui est là, il y en a avec qui j’ai eu de méchantes embrouilles, je les évite. Comme le vieux moustachu, un type de Besançon. Il est fou lui, il contrôle plusieurs fois. C’est un teigneux. Il ne lâche pas l’affaire tant qu’il ne t’as pas viré du train. Le moustachu, il adore envoyer la cavalerie. Un comité d’accueil qui te fait la morale en te raccompagnant vers la sortie… Il y a aussi une meuf balaise avec les cheveux teints en rouge. Une fois elle m’a empêché de monter dans le train à Paris. On aurait dit qu’elle était prête à se battre. Mais les vrais méchants son rares. »

« Y en a, poursuit Gérard, je sais où ils contrôlent, je me place à l’autre bout du train. Si le train est bien plein, le temps qu’ils arrivent jusqu’à moi, on est à Dijon… Y en a qui contrôlent jamais les premières classes. Ou qui contrôlent pas tout court… Y a ceux qui font une ou deux voitures histoire de mettre leur machine en route et qui vont draguer l’hôtesse du bar. Dans les duplexes c’est plus facile, tu vas en haut quand ils sont en bas. Certain peuvent pas se blairer alors ils contrôlent séparément. Un en haut, l’autre en bas. C’est pas bon pour nous. »

Je lui demande si le fait de voyager sans payer ne lui pose de problème de conscience. Il éclate de rire. La conscience, tu es drôle. La SNCF elle nous plume avec des tarif de ouf. Je rétablis l’équilibre… »