Elle avait poutant bien débuté cette journée

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Photo de Jan Prokes sur Pexels.com

Ma journée à bien débuté.

Couché à minuit, je me lève comme il se doit à 4 heures, dès la première sonnerie.

Une douche, deux crêpes protéinées (au beurre de cacahuètes !) et un café, plus tard je suis dans ma voiture qui démarre au quart de tour.

Le journal de la matinale de France Inter égrène les nouvelles du jour. Les cérémonies du débarquement, la recomposition de la droite française tiraillée entre le centre et l’extrême droite…

Mon journal est cité pour son papier sur le pneu sans air de chez Michelin, une révolution… Je souris en me regardant dans le rétroviseur. Je me dis qu’il est bientôt temps de passer chez le coiffeur.

Les rubriques de cette matinale me permettent de savoir où j’en suis dans mon trajet et surtout si je suis en retard. Aujourd’hui tout est parfait : j’attaque comme il se doit la 2 X 2 voies lorsque débute le journal d’outre-mer. Trente-quatre minutes plus tard, j’accède au parking longue durée de la gare TGV de Belfort en écoutant le deuxième extrait (pas terrible !) de la sélection musicale du jour… Parfait.

Le train est à l’heure… La voiture huit en tête. Le ciel couvert est plus frais que les jours précédents. Il ne pleut pas.

Je monte dans le train qui s’est arrêté pile poil au repère R.

Mon compagnon de route du jour, est une jeune fille souriante, polie, parfumée et jolie comme tout.

À peine installé, je m’endors, ouvrant un œil à Besançon, un deuxième à Dijon et les deux quelques minutes après Montbard, le temps de présenter mon titre de transport. Tiens, un contrôleur que je ne connais pas. Il sent l’eau de toilette, c’est fait un tatouage tribal dans le coup. Porte une gourmette dorée et un bracelet de grosses perles en bois. Il a de gros doigts et des avant-bras velus. Je me rendors.

Le train arrive à Paris comme il est parti, à l’heure. J’attends que tout le monde descende avant de me lever pour rejoindre la station de Velibs la plus proche. Je ne prends plus le métro ou le RER depuis des années préférant prendre un bon bol d’air pollué avant d’attaquer ma journée de boulot.

Je commence à douter de ma bonne étoile lorsque je dois changer quatre fois de vélo avant d’en trouver un en état de marche mais avec les premiers coups de pédales, la certitude d’attaquer une belle journée revient. Ce sentiment est si agréable que l’espace d’un instant, mon attention baisse provoquant un léger écart sur la piste cyclable suffisant en tout cas pour me voir gratifier d’un retentissant « Eh fils de pute, fais gaffe où tu roules ».

Curieux de savoir d’où ce jeune cycliste barbu tient de telles informations sur ma vieille mère, je tente de le rattraper. En vain. Mes vitesses sautent, le pédalier craque. Je suis bon pour trouver un autre vélo dès la prochaine station qui est vide, comme la suivante… Cette journée avait pourtant si bien débuté.

Confessions d’un resquilleur en série

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244574_des-billets-sncfQui dit train, dit resquilleur… L’un ne semble pas aller sans l’autre.

Il en existe de toutes sortes : des passifs fatalistes qui voyagent sans payer et se font verbaliser sans broncher ; des actifs qui font tout pour échapper aux contrôleurs, qui multiplient les astuces.

Il y a les acteurs, compteurs, embrouilleurs, baratineurs de toutes sortes qui arriveraient presque à se faire passer pour des usagers intègres…

Il y a aussi les prédateurs, les agressifs, les psychopathes… ceux que les contrôleurs redoutent par dessus tout, pour leurs réactions imprévisibles.

5 h 55, Belfort. Le train à destination de Paris, entre en gare. Les portes s’ouvrent quelques passagers descendent, se frayant péniblement à travers ceux et celles, nombreux ce matin à attendre suivis de leurs valises à roulettes, de monter.

Un jeune black descend avec le contrôleur sur les talons. Il gesticule et vocifère distribuant généreusement des regards menaçants à la ronde.

Tu devrais avoir honte, espèce de bouffon. Mon grand-père c’est battu pour la France. C’est comme cela que tu le remercies… Une voix lance lui répond : « La France, tu l’aime ou tu la quitte ». Malaise. Le jeune homme, cherche du regard qui vient de lui parler.

Les usagers font mine d’ignorer la scène, certains sont visiblement agacés par le ralentissement occasionné.

Le contrôleur, les manches retroussées, les joues écarlates, serre les points pour garder son calme. Il acquiesce avec un sourire crispé aux invectives qui deviennent de plus an plus insultantes et provoquantes tout en souhaitant la bienvenue aux nouveaux clients.

Voilà une journée qui commence sur les chapeaux de roues.

Depuis bientôt un an, je ne crois pas avoir pris le train une seule fois sans voir des resquilleurs se faire verbaliser. Certains sont des multirécidivistes comme ce grand gaillard athlétique et beau gosse, que nous appellerons Gérard. Voilà des semaines qu’il prend le train de 19 H 23 pour Dijon. Il n’a pas de bagage. Il voyage les deux mains dans les poches un casque sur les oreilles. C’est sur le quai que je lui adresse la parole alors qu’il vient de me demander si j’avais une cigarette à lui donner.

« Je connais la plupart des contrôleurs. Ils ont chacun leurs habitudes. Avant de monter, je regarde qui est là, il y en a avec qui j’ai eu de méchantes embrouilles, je les évite. Comme le vieux moustachu, un type de Besançon. Il est fou lui, il contrôle plusieurs fois. C’est un teigneux. Il ne lâche pas l’affaire tant qu’il ne t’as pas viré du train. Le moustachu, il adore envoyer la cavalerie. Un comité d’accueil qui te fait la morale en te raccompagnant vers la sortie… Il y a aussi une meuf balaise avec les cheveux teints en rouge. Une fois elle m’a empêché de monter dans le train à Paris. On aurait dit qu’elle était prête à se battre. Mais les vrais méchants son rares. »

« Y en a, poursuit Gérard, je sais où ils contrôlent, je me place à l’autre bout du train. Si le train est bien plein, le temps qu’ils arrivent jusqu’à moi, on est à Dijon… Y en a qui contrôlent jamais les premières classes. Ou qui contrôlent pas tout court… Y a ceux qui font une ou deux voitures histoire de mettre leur machine en route et qui vont draguer l’hôtesse du bar. Dans les duplexes c’est plus facile, tu vas en haut quand ils sont en bas. Certain peuvent pas se blairer alors ils contrôlent séparément. Un en haut, l’autre en bas. C’est pas bon pour nous. »

Je lui demande si le fait de voyager sans payer ne lui pose de problème de conscience. Il éclate de rire. La conscience, tu es drôle. La SNCF elle nous plume avec des tarif de ouf. Je rétablis l’équilibre… »