Ravalement de façade expert

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maquillage

Train du petit matin. Une brune longiligne, d’une trentaine d’années, au minois de porcelaine est à mes côtés.  Elle dort, assise en biais, serrant très fort un smartphone dernier cri. Elle a les genoux remontés  jusqu’au menton, un foulard sur les yeux.

Son téléphone vibre. Elle se déplie, s’étire, lit un message qui provoque un sourire langoureux. Elle répond en se mordant la lèvre inférieure.

Elle rassemble ses petites affaires, me  regarde avec un sourire d’attachée commerciale.

– Pardon, je dois…

– Pas de soucis… Je me lève pour la laisser passer.

– Merci.

Elle prend en direction de la voiture bar et revient une dizaine de minutes plus tard avec un café et  un croissant qu’elle va éplucher du bout des doigts en récoltant les miettes sans le creux de sa main, le regard mouillant dans le paysage bourguignon qui défile.

Lorsqu’elle a terminé, elle enclenche, une sorte de nettoyage interne horripilant en faisant des moulinets avec sa langue, la bouche fermée.

Puis  elle s’excuse a nouveau  d’un air faussement désolé.

Je me lève, elle prend la direction des toilettes en ajustant les pans de son chemisier.

De retour,  elle sort une petite  trousse de son sac à main. D’où elle extrait toutes sortes d’outils : flacons, tubes, lotions, pinceaux, miroirs, brosses.

Avec la concentration et la précision d’un chirurgien, elle s’occupe d’abord de ses ongles… L’odeur du produit est à la limite du supportable. Pendant qu’il sèche, elle admire son travail avant de passer aux différentes parties de son visage.

Lorsque le train entre en gare une demi-heure plus tard,  il faut reconnaître que la transformation est si frappante que je me surprends à lui dire bonjour.

Comme ont le dit à la SNCF, le changement ne vaut que s’il est partagé par tous…