C’est beau la Bourgogne, les paysages sont reposants

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3809961_tgv_545x460_autocropVictime de l’obsolescence programmée, mon casque audio est mort cette semaine… Une mauvaise nouvelle pour moi, notamment lorsqu’il faut voyager la veille d’un long week-end…

Deux chevelures argentées et deux teintures montent à bord. Deux hommes, deux femmes. Il est 6 h 25. Tout le monde dort dans la voiture 6.

L’une des deux femmes, teinte en brune, interpelle ses partenaires : 31, 32, 33 et 34. Nous sommes ici les amis, dit-elle avec une forte voix rocailleuse de fumeuse impénitente. Elle tient quatre billets dans la main droite en éventail  comme un jeu de cartes.  Charles, poursuit-elle, tu es là, Évelyne en face. André en face de moi, à moins que tu ne veuilles être dans le sens de la marche.

Cela n’a aucune importance en ce qui me concerne, rit-il.

Ils essaient de glisser leurs valises dans le porte-bagages au-dessus de leurs têtes. Peine perdue…

Autrefois, les porte-bagages étaient beaucoup plus spacieux, raconte Charles sur le ton de « Je me souviens dans le temps jadis quand tout était beaucoup mieux… »

Tu parles de quelle époque, André ? Des locomotives à vapeur ?

Ah un comique, ça promet.

Tous éclatent de rire.

Je crois qu’on gêne, dit la voix rocailleuse, alors que des passagers attendent debout avec vestes et bagages, de rejoindre leurs places… Luttant pour garder leur équilibre alors que le train prend de la vitesse.

Les quatre personnes âgées installées, elles commencent par évoquer ce qu’elles ont pris au petit-déjeuner. Enchaînent ensuite sur le confort de ce TGV. Charles et André évoquent leurs voyages en première classe lorsqu’ils se rendent aux réunions du MEDEF, où « le port du costume cravate n’est même plus obligatoire » selon Charles.

Pendant ce temps, la voix rocailleuse et Évelyne prennent des nouvelles de connaissances mutuelles. Elles commencent par celles qui sont mortes ou mourantes, puis enchaînent sur celles qui sont en bonne santé mais qui ne prennent pas soin d’elles, puis finissent par celles qui perdent la tête comme une certaine Françoise qui dilapidait ses économies à tort et à travers jusqu’à ce que Julien, son fils, s’en rende compte et la place dans un Epad.

En entendant le nom de Julien, Charles et André, s’immiscent dans la conversation de leurs femmes… En demandant si Julien a réglé ses problèmes avec ses locataires indésirables… Non, lui répond la voix et la conversation dévie sur la difficulté d’être un propriétaire de nos jours… Les impôts, le gouvernement, les locataires, les travaux, le syndic, tout y passe, en vrac…

Parfois les quatre parlent ensemble, parfois deux à deux, mais de plus en plus fort et de plus en plus vite. Il sera question de leurs précédents voyages, du montage de meubles Ikea, de l’obsolescence programmée, de leurs vies active lorsqu’ils étaient enseignants et dirigeants, du niveau en baisse des élèves, leur absence de culture, des exigences de plus en plus folles des salariés. Salariés qui sont mieux lotis que les patrons, selon Charles…

Des usagers incommodés commencent soupirer, puis à râler et enfin à faire des remarques. Rien n’y fait. Les quatre personnes âgées ne baissent jamais le ton que quelques minutes avant de se relancer.

Évelyne : C’est beau la Bourgogne, les paysages sont reposants.

André : Dijon, est une ville chère, mais intéressante avec ses musées, ces concerts.

Charles, trouve que la réputation de la gastronomie locale est surfaite…

Pour Évelyne, le vin est cher, les serveurs grossiers, les fleuristes ne connaissent rien à leur métier…

La voix, estime quant à elle qu’il est temps de penser à la journée qui commence… Après avoir regardé sa montre, elle sort un plan détaillé des jours à venir, d’une pochette plastifiée…

On arrive à 8 h 37, le musée ouvre à 9 h 30. On prend un café, on dépose nos bagages à l’hôtel, et on file prendre la ligne 1…

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